Boite critiques

 

La Parole contraire (Erri DE LUCA)

note: 4...Anonyme - 22 janvier 2015

Voilà un tout petit livre tombé à point nommé dans le débat sur la liberté d’expression. Néanmoins rien d’opportuniste, il s'agit d'un réponse à son inculpation pour incitation au sabotage du projet de construction de la ligne TGV Lyon-Turin par une société française. Militant opposé au chantier dans la vallée de la Suze, il comparaîtra en janvier 2015 devant le tribunal de Turin ayant déclaré dans un journal «la LGF doit être sabotée». De Luca réfute l’accusation d’incitation à la dégradation rappelant que "saboter a une large application dans le sens figuré coïncidant avec le sens d'entraver". En dehors de l’engagement politique propre à l’auteur,le texte évoque l'influence des lectures, la figure de l'écrivain comme voix publique. Il soulève avec habileté le déséquilibre du rapport de force, même dans le droit d’expression: Si l’on considère que la parole de l’écrivain fait autorité et qu'elle est incitative à passer l’acte,pourquoi les chefs de partis peuvent-ils menacer d’évasion fiscale sans être poursuivis pour délit d'incitation ? Ne sont-ils pas investis d'une autorité intellectuelle eux aussi ? "L' écrivain possède une petite voix publique.Il a donc le devoir de protéger le droit de tous à exprimer leur propre voix. Parmi eux, je place au premier rang les muets, les sans voix, les détenus, les diffamés, les analphabètes et les nouveaux résidents qui connaissent peu ou mal la langue."

Le Dernier Homme n° 3
MaddAddam (Margaret ATWOOD)

note: 3... Laëtitia - 22 janvier 2015

«Maddaddam» est le dernier volet de la trilogie «Le Dernier homme», mais cette dystopie peut être lue indépendamment. Décimée par un virus fulgurant conçu par Crake, la population terrestre ne compte que quelques rares survivants : les Maddaddam, des biogénéticiens considérés comme l’élite et travaillant pour les Corps, devenus par la suite des saboteurs, les Jardiniers de Dieu, adeptes de la décroissance, végétariens et pacifistes, les Paintballers, sortes de gladiateurs recrutés parmi les pires psychopathes, les Crakers, race créée par Crake, et enfin des animaux génétiquement modifiés. Dans cet univers post-apocalyptique, des alliances se nouent pour lutter contre les paintballers, l’adoption du système D et des modes de vie ancestraux sont autant de tentatives pour survivre et recréer un monde décroissant, plus juste. Car au vu de l’engagement de M. Atwood concernant les questions environnementales, «Maddaddam» ne doit pas être lu seulement comme un bon divertissement de SF, mais bien comme un avertissement sur les dangers de la surconsommation, car nos ressources ne sont pas extensibles à l’infini. A lire absolument. Et à noter l’adaptation prochaine de la trilogie en série TV par Darren Aronofsky, réalisateur de «Black Swann» et «Requiem for a dream».

Debout-Payé (GAUZ)

note: 3...Anonyme - 20 janvier 2015

Premier roman d’ Armand Gbaka-Bréké, alias Gauz, Debout-Payé est la voix des vigiles ivoiriens de Paris.
Plusieurs époques s’alternent pour évoquer des contextes historiques différents : la FrançAfrique des années 60-80 avec André et Ferdinand, puis les années 1990-2000 frappées par la crise économique, celles où Ossiri, le narrateur, arrive en France, suivies des années de plomb post 11 septembre 2001, période où Kassoum le rejoint. Tous sont ivoiriens, tous sans-papiers, mais chacun a des motivations et des buts différents.
Si ces récits parlent de l’immigration africaine, ils donnent aussi le pouls de la société française de consommation voire de la société de consommation globale, puisque toutes les nationalités sont présentes dans ces Temples de la consommation de masse. Ossiri pratique une méditation sociale et culturelle intense lors de ses longues stations debout et peu payées dans le Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Élysées. Par cette astuce, Gauz construit une sorte de glossaire satirique croustillant. Par mot-clé, tous les travers, les manies, les contradictions et autres paradoxes du consommateur sont compilés dans des brèves décalées. Expérience vécue par l’auteur, vigile étudiant sans-papier en biochimie à Paris, avant de devenir documentariste et rédacteur en chef d’un magazine. Son premier roman possède une patte très particulière, souhaitons vraiment que d’autres suivent …

Savais-tu ?
Les Marmottes (Alain M. BERGERON)

note: 4Bienvenue chez les marmottes ! Anonyme - 8 janvier 2015

Savais-tu que la marmotte creuse plein de trous autour de son terrier et qu’ils lui servent de cachettes en cas d'urgence ? Qu'elle perd la moitié de son poids en hibernant ? Qu'elle aime passer de longs moments à bronzer au soleil pendant l'été ?
Et oui, cette adorable petite marmotte qu’on peut voir batifoler dans nos montagnes est en réalité un animal surprenant et plein de ressources.
Avec des dessins colorés et bourrés d’humour et des mises en scènes cocasses venant appuyer chacune des anecdotes, ce documentaire, pourtant très sérieux, a de quoi faire sourire petits et grands.
Et une chose est sure : vous ne verrez plus jamais la marmotte de la même manière !

Gâteaux de fêtes joliment décorés (Abigail WHEATHLEY)

note: 4Des recettes à croquer, un livre à dévorer !Anonyme - 20 décembre 2014

Vous ne pensiez pas réussir d’aussi beaux cupcakes au chocolat ? Vous imaginiez que votre gâteau papillon ne serait pas aussi beau que celui en photo ? Détrompez-vous !
Ce livre vous montrera comment réaliser avec vos enfants dix-huit gâteaux de fêtes qui éblouiront vos invités.
Les recettes sont faciles à suivre, avec des instructions claires et détaillées, parfaitement adaptées aux petits chefs comme aux pâtissiers débutants. Des dessins aux couleurs pastelles illustrent pas à pas les différentes étapes de la confection du gâteau. Verts anis, jaune citron, bleu ciel, rose bonbon… On se régale rien qu’en tournant les pages.
Quant aux idées pour décorer les gâteaux, elles sont simples mais efficaces. Un peu de chocolat fondu, et grâce aux modèles en fin de livre, vous réaliserez en un tour de main et sans aucune difficulté des étoiles, des flocons de neige ou même des papillons qui étendent leurs ailes, pour un résultat final à se lécher les babines.
"Gâteaux de fêtes joliment décorés", c’est un livre gourmand aux recettes alléchantes, véritable délice pour les yeux et les papilles, idéal pour initier les enfants à partir de 6 ans à l’art de la pâtisserie.

La Grande bellezza (Paolo SORRENTINO)

note: 5... Laëtitia - 18 décembre 2014

Sorrentino nous livre un bel ovni cinématographique : à la fois déclaration d’amour à la ville de Rome, filmée en travellings avant, arrière, latéraux, mais aussi peinture d’une société mondaine imprégnée de berlusconisme, sa comédie humaine fait mouche. Tony Servillo, qui est Jep, dandy parfois cynique mais au cœur tendre, incarne à la perfection cette élite décadente, à la différence qu’il ne se fait pas d’illusions sur la vacuité de sa vie. Pour oublier un amour de jeunesse et sa difficulté d’écrire, il s’étourdit de fêtes, de conversations mondaines où il se plaît à semer la zizanie, et de happenings artistiques à la limite du ridicule (scènes mémorables de la performance de la fille nue fonçant contre un mur et de l’enfant peintre). Cette farce satirique aux outrances felliniennes n’empêche pas des moments de tendresse (sa relation avec une strip-teaseuse, fille d’un ami de jeunesse), de grâce (sa rencontre au détour d’une ruelle avec Fanny Ardant, la visite nocturne de palais majestueux qui n’offrent leurs fastes qu’à quelques happy-few tel Jep). La musique, tantôt festive, tantôt mystique, fait le lien entre ces moments de vie, parfois superficiels, parfois riches en révélation pour Jep (révélation sur la beauté, qui peut résider dans des choses douloureuses ou insignifiantes, retour à certaines valeurs chrétiennes, etc). A voir absolument !

Kanopé (Louise JOOR)

note: 3... Laëtitia - 11 décembre 2014

C’est toujours un plaisir de découvrir le premier jet d’un artiste, son univers, sans références ni a-priori. Louise Joor est une jeune auteure belge de BD de 25 ans, et Kanopé peut être résumé comme un one-shot d’anticipation, mêlant aventure et romance sur fond de crise écologique. Kanopé, l’héroïne principale, vit en Amazonie en 2137, dans une jungle irradiée suite à un accident nucléaire ; paradoxalement, la jungle s’est adaptée par mutation et est presque devenue un eden comparé au reste du monde, surpeuplé, aux ressources naturelles limitées. Jean, un hacker en fuite qui incarne l’extérieur, y trouve refuge. Aidée de Kanopé, la fin laisse supposer que par l’union de leurs compétences, ils pourront peut-être sauver le monde… Outre l’histoire, le dessin soigné, les planches composées de cadrages dynamiques, l’omniprésence du vert de la canopée, et quelques passages quasi-muets, ponctués d’onomatopées d’animaux, nous aident à nous immerger dans cette jungle luxuriante et futuriste (perroquets à deux têtes, rares humains mutants) comme si nous participions à l’aventure ! Et à rêver que l’auteur transformera ce one-shot en suite !

Le Passage des ombres n° 1 (Alice MOSS)

note: 4... Pauline - 5 décembre 2014

C’est vrai que le synopsis a un air de déjà vu, on peut s’attendre à un triangle amoureux sans intérêt mais mettez de côté vos a priori !!
Dans la petite ville de Winter Mill, l'hiver arrive étrangement tôt cette année. Et il ne vient pas seul. Deux nouveaux jeunes gens viennent de débarquer en ville : Finn et Lucas. Finn au regard de braise ; Lucas sexy comme c'est pas permis... Tous ces changements rendent la vie un peu plus compliquée...
Parce que Finn semble connaître Faye. Depuis des siècles. Et que la mère de Lucas cache visiblement un terrible secret.
Y a-t-il un lien entre l'arrivée soudaine de Finn et de Lucas en ville, et ce cadavre retrouvé dans les bois ? Il semblerait que la petite ville de Winter Mill perde peu à peu sa tranquillité.
Bienvenue dans le monde de Faye McCarron ! Un monde rempli de secrets, d'amour, de bikers, mais qui est aussi maléfique et peuplé de meutes de loups...
"Le passage des ombres" dégage une atmosphère brumeuse, ténébreuse, résolument et durablement captivante. Un premier tome exaltant qui vous plonge dans une histoire fantastique qui saura vous passionner du début à la fin ! Vivement la suite !

Un Héros de notre temps (Céline WAGNER)

note: 3...Anonyme - 4 décembre 2014

Adaptation du roman de Lermontov en BD, à lire pour rattraper sa culture littéraire romantique ou simplement pour l'aventure et le dépaysement. Petchorine, jeune officier russe envoyé dans le Caucase, incarne parfaitement le héros romantique (slave de surcroît !) de son époque. La Sainte Russie du tsar Nicolas Ier en guerre contre la Perse et l'Empire Ottoman, gagne du terrain en Eurasie malgré l'insoumission des peuples montagnards musulmans. C'est dans ce Caucase résistant que s'ancreront les différentes aventures qui constituent son portrait comme celui de toute une génération. Enfant du XIXe siècle, désabusé, cynique, se jouant des femmes et du destin, solitaire et brave car ne craignant pas la mort, cousin du Lorenzaccio de Musset et frère de l'Eugène Onéguine de Pouchkine.
Le dessin élégant de Céline Wagner sied au style sobre du poète russe. Rattrapé par sa propre plume, Lermontov meurt à 27 ans dans un duel au bord d'un précipice à Piatigorsk, dans le Caucase…
"Alors l’ennui me vint…Bientôt, on m’envoya au Caucase : ce fut la période la plus heureuse de ma vie. J’espérais que l’ennui ne survivrait pas sous les balles tchéthcènes ; j’avais tort : au bout d’un mois, je m’étais si bien habitué à leur sifflement et au voisinage de la mort, qu’en vérité j’attachais plus d’importance aux moustiques…"

Un Van Gogh au poulailler (Maureen MAROZEAU)

note: 3...Anonyme - 2 décembre 2014

Les œuvres d’art ne dorment pas toujours sur leur piédestal ou pendues à un clou. Parfois, elles vivent d’étonnantes aventures hors les murs. Ces anecdotes permettent d’entrer avec légèreté dans la « grande histoire de l’art ». Sur un ton certes parfois sensationnaliste, ce livre a l’ingéniosité de mettre en scène des œuvres d’art comme des héros d’Alexandre Dumas. Il a aussi le mérite d’être suffisamment documenté pour ne pas être qu’un livre anecdotique et prouve une fois encore la valeur considérable de l’art tant sur le plan symbolique (pilier des civilisations pouvant mener à de vraies guerres diplomatiques), que sur le plan économique (quelques particularités du droit et de la de la fiscalité du marché de l’art…). A conseiller autant à ceux qui apprécient les musées, qu’à ceux précisément qui n’y mettent jamais les pieds !

Contes et légendes

note: 4Contes et légendes Régine - 28 novembre 2014

Les contes et légendes peuplés d'être maléfiques ou mystérieux, lutins, sorcières ou autres diables ont inspirés depuis le milieu du XIXe siècle de nombreux compositeurs tels Maurice Ravel avec "Ma mère L'Oye", Camille Saint-Saëns avec sa fameuse "Danse macabre" ou encore Nikolai Rimski-Korsakov avec "Schéhérazade" d'après Les Mille et une nuits...Tous ces poèmes symphoniques sont à apprécier dans ce CD en regard de l'exposition "Contes de fées" présentée au Palais Lumière.

Angry Birds Space (Amy BRIGGS)

note: 4Les oiseaux et les cochons s'envolent pour l'espaceAnonyme - 27 novembre 2014

D’où vient la lune ? Qu’est-ce qu’un nuage de oort ? Qui a donné son nom à Pluton ? Autant de questions qui trouvent leur réponse dans ce documentaire revu à la sauce Angry Birds.
Les photos sont de qualité et les textes ont le mérite d’être courts mais pertinents, avec bon nombre de petites infos et d’anecdotes en bas de page, qui permettent de découvrir ou redécouvrir avec plaisir les mystères de l’espace. Qui plus est, les cochons et oiseaux de l’appli Angry Birds ajoutent une touche ludique et humoristique à ce documentaire déjà bien intéressant. L’ensemble donne envie d’en savoir plus sur l’espace, sans pour autant décourager les plus jeunes. A découvrir !

Her (Spike JONZE)

note: 4L'Amour 2.0 Laëtitia - 14 novembre 2014

Dans un futur proche, Spike Jonze imagine un monde où, pour pallier l’ultramoderne solitude, l’homme peut établir une relation privilégiée avec son ordinateur, via un logiciel de compagnie élaboré. Toute la quintessence de cette solitude est symbolisée par la scène où, sortant des couloirs du métro, les hommes sont absorbés par leur conversation avec leur système d’exploitation virtuel, en oubliant leurs frères de chair. Car chaque machine a une voix unique, avec un système d’évolution et d’adaptation à l’humain. Théodore, incarné par Joaquin Phoenix, a du mal à faire confiance après son divorce. Ecrivain public dans une entreprise qui le paye pour rédiger de fausses lettres manuscrites personnalisées, (nostalgie d’un monde révolu ?) il a suffisamment d’imagination pour être tenté par cette expérience. La voix chaude, sensuelle de Scarlett Johansson, absente à l’écran et paradoxalement très incarnée, jette le trouble : est-elle capable d’éprouver des émotions ou se contente-t-elle de les singer ? Tout le sel du film est dans ce débat et dans la relation amoureuse qui se noue entre les deux protagonistes, nous questionnant sur l’éthique, le virtuel. Un logiciel pourra-t-il un jour être doté de sentiments ? Une relation amoureuse sera-t-elle possible entre un humain et un programme ? Film déroutant, mais passionnant.

Prévert inventeur n° 1 (Christian CAILLEAUX)

note: 3...Anonyme - 13 novembre 2014

Une biographie prometteuse (trilogie en préparation) de l’étonnant Jacques Prévert, de 1921, l’année de son service militaire en Turquie, à 1931, celle de sa première publication. Une jeunesse dissolue, alcoolisée, désargentée mais festive avec une bande de copains tout aussi fantasques. Une vie communautaire entièrement dédiée à la création et au principe de plaisir, au cœur de Montparnasse, avant que le siège de l’avant-garde ne se déplace à St-Germain-des prés. Les amitiés se succèdent, Marcel Duhamel, Raymond Queneau, Yves Tanguy, Giacometti…et se défont, quand André Breton politise son discours. Entier, trublion, désintéressé, Prévert se met en danger et frôle la "punk" attitude avec 50 ans d'avance ! L'effervescence de ces années folles est joliment rendue par le dessin et les choix de mise en page de Cailleaux, déjà complice du scénariste Bourhis dans la BD "Piscine Molitor", biographie cette fois de Boris Vian (également disponible à la médiathèque).

Encyclopédie de la Web culture (Diane LISARELLI)

note: 3...Anonyme - 7 novembre 2014

Faîtes-vous partie des 600 millions d’inscrits sur facebook et des 200 millions sur twitter ? Avez-vous déjà été victime d’un hoax ? Partagez-vous régulièrement avec vos collègues des Chuck Norris facts, rage comics ou liens peu recommandables en précisant à vos interlocuteurs si c’est NSFW ou pas ? Combien d’heures passez-vous à stalker pour tuer l'ennui ? Avez-vous déjà reçu un mot doux (ou plutôt un tendre mail) signé HADOPI évoquant vos trop longues vacances sur « the pirate bay » ? Sur les forums, êtes-vous plutôt lurker ou troll ? Si rien de tout ça n’a de sens pour vous , il n’est pas trop tard pour rattraper votre web culture ! Deux journalistes vous proposent des cours de rattrapage : les grands évènements et figures historiques, le vocabulaire, les sites, les pratiques et tous les incontournables du web. Il ne s’agit pas d’un documentaire à lire en apnée, compact et didactique, non, vous entrez par n’importe quel bout, en piochant de ci de là dans l’alphabet, de A comme Anonymous à W comme Wikipedia. Une lecture très plaisante grâce à une mise en forme aérée, très illustrée autour de textes clairs. Une réussite pour les novices qui souhaitent connaître un peu mieux l’univers sans y passer de fastidieuses soirées.

Doc à pattes
Les Animaux de la savane (Christine DENIS-HUOT)

note: 4Les animaux de la savane en relief ! Anonyme - 29 octobre 2014

Pop-up, rabats, roues... Tout un programme pour partir à la découverte des animaux de la savane et de leur mode de vie : comportement, alimentation, éducation, anatomie…
Lions, hippopotames, girafes, gnous, gazelles, oiseaux et autres petites bêtes vous dévoileront leurs secrets dans un documentaire ludique et dynamique, agrémenté de belles photos et de tout un panel d’animations qui donne envie de s’attarder sur chacune des pages. Une collection réalisée avec un soin tout particulier qu’on ne peut que recommander vivement.

Sacrés Italiens ! (Alberto TOSCANO)

note: 3...Anonyme - 21 octobre 2014

Pourquoi un livre sur l’Italie ? Vous connaissez déjà : sa cuisine ensoleillée, sa mafia cinégénique, sa Renaissance, ses frasques Berlusconiennes… Le tout servi dans un même plat mêlant affection, dérision et condescendance sur la table d’un français, accompagné d' un air de Je t’aime, moi non plus... Alberto Toscano, journaliste italien vivant en France depuis 30 ans, propose de revenir sur ces clichés. Il expose les grandes lignes historiques et politiques de ce pays à la fois très jeune et néanmoins héritier d’une culture antique. Plus qu’un simple rappel d’histoire, il s’attache à mettre en lumière la capacité des italiens à réagir, à surprendre, à ne pas être là où on les attendait, à déjouer les idées reçues. Sous une forme de « lettre ouverte aux français », pleine d’humour, le contenu n’en est pas moins conséquent, selon ses propres termes, il « propose une réflexion sérieuse sans se prendre au sérieux ! ». Une lecture très fluide et agréable pour en savoir plus sur nos voisins…et sur nous-mêmes !

Promised Land (Gus VAN SANT)

note: 4... Laëtitia - 17 octobre 2014

Gus Van Sant est un cinéaste militant : pour la cause homosexuelle (Harvey Milk), ici pour la cause écologique, avec pour toile de fond l’exploitation du gaz de schiste. Même si le film soulève des interrogations bien légitimes sur ce sujet, c’est le dilemme moral (et l’évolution personnelle du personnage central, Steve Butler, incarné par un Matt Damon toujours aussi juste et sobre dans son jeu), qui est le cœur du film. Car il aurait été trop simpliste de faire de Steve Butler un héros cynique qui leurre les paysans au profit du capital, en l’occurrence Global, compagnie pétrolière. Non, Butler, en bon fils de fermier, croit sincèrement que le monde rural vit son déclin et qu’il offre aux paysans une porte de sortie. Mais l’irruption d’Alice, l’institutrice du village, pour qui il craque, d’un militant écolo obstiné et d’un retraité de Boeing poussant la population du village à réfléchir et à demander un vote démocratique lors d’une assemblée compliquent la donne et la résistance s’organise…

Bethléem (Yuval ADLER)

note: 3Cas de conscienceAnonyme - 16 octobre 2014

Thriller politique sec et maîtrisé, ce Bethléem est pourtant un premier film pour le réalisateur israélien Yuval Adler et son scénariste Ali waked, journaliste palestinien, tourné de surcroît avec des acteurs non professionnels. Une intrigue propice à une extrême tension psychologique (relation d’un agent des services secrets israéliens avec son jeune « indic », frère d’un membre d’Al Aqsa) conjuguée à une réalisation quasi documentaire, aboutit à un film frappant. Au-delà du contexte politique, c’est bien-sûr la relation des deux hommes qui prend le pas sur le récit. Il est toujours étonnant de constater comme l’histoire intime de 2 individus touche plus profondément (car plus précisément) que les évènements contextuels subis par la foule anonyme. Jouant sur nos nerfs avec l’imbrication de cette tragédie fratricide dans le drame social, le film fonctionne parfaitement de bout en bout, même si on peut rapidement présager de l’issue…

La Cour de Babel (Julie BERTUCCELLI)

note: 4... Laëtitia - 10 octobre 2014

En posant sa caméra dans une classe de primo-arrivants de la banlieue parisienne, Julie Bertuccelli nous fait partager la fragile mais néanmoins enrichissante expérience de l’apprentissage du français, mais aussi de l’intégration à une nouvelle culture d’élèves venus de tous les continents. Elle donne la part belle aux enfants, mais aussi aux parents lors des réunions parents-profs : petit à petit, tous livrent leurs espoirs (Miguel a quitté le Vénézuela pour intégrer le conservatoire en espérant devenir un grand violoncelliste, Andromeda la Roumanie afin de s’assurer un bel avenir), mais aussi leurs difficultés et leurs craintes (Xin a laissé sa grand-mère en Chine et se sent seule en France, car sa maman travaille beaucoup et elle est souvent seule chez elle, ou encore Djenabou dont la tante la pousse à bien étudier, afin d’éviter de retourner au pays avec pour triste perspective excision et mariage forcé). S’il est délicat de restituer en une heure et demie le travail de toute une année scolaire, ce documentaire poignant et instructif est à montrer à tous les élèves, tous les professeurs, et aussi à tous ceux qui ont une vision erronée de l’immigration.

La Fête de Billy (Catharina VALCKX)

note: 4... Pauline - 7 octobre 2014

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Billy, et ce qui lui ferait vraiment plaisir, ce serait de faire une fête déguisée avec ses amis. Le voilà donc parti avec son meilleur ami Jean-Claude le ver de terre et son petit frère Didier, pour les invitations. Vous verrez que les amis de Billy ne manquent pas d'imagination pour leur déguisement, en particulier Didier, à moins que Jack le vautour n'en fasse son dîner...
Une histoire pleine d'humour, aux personnages aussi touchants que drôles, qui ravira les enfants.

Panic : Le jeu de la peur (Lauren OLIVIER)

note: 4Ne paniquez pas ! Pauline - 7 octobre 2014

Fan de Hunger Games...ou pas, vous allez adorer ce roman. Sans tomber dans la copie de la célèbre trilogie, Lauren Oliver nous captive dés les premières pages. Dans la misérable ville de Garp, dans l'Etat de New York, tous les élèves qui viennent de quitter le lycée peuvent participer à PANIC : un jeu où les épreuves s'enchaînent plus dangereuses les unes que les autres, et les perdants éliminés tour à tour. Personne ne sait qui l'a créé et qui fixe les règles. L'unique gagnant recevra une grosse somme d'argent qui lui permettra d'aspirer à une vie meilleure. L'auteur nous fait vivre cette aventure en alternant le point de vue de Heather, qui participe par dépit amoureux et de Dodge qui entre dans la compétition pour venger sa soeur. Un thriller palpitant mêlant trahisons, manipulations, révélations, amour et aventure qui nous tient en haleine du début à la fin. N'ayez pas peur, lisez-le !

A Touch of Sin (Zhang Ke JIA)

note: 4...Anonyme - 3 octobre 2014

Une plongée sidérante dans la Chine contemporaine terre de paradoxes, où le communisme trouve de petits arrangements avec le capitalisme triomphant, où les usines ne s’arrêtent jamais pour satisfaire au commerce mondial qui n’enrichit que certains. Dans ce sombre tableau, les femmes sont des produits de consommation comme les autres et la jeunesse, main d’oeuvre corvéable, ne rime pas avec insouciance. 4 short stories, instantanés de la vie d’hommes et femmes de différentes régions, des mégalopoles aux immensités rurales, permettent d’appréhender un climat général de violence et d’injustice. Formellement impeccable, la mise en scène met le spectateur au bord de l’abîme. Sensation vertigineuse, images indélébiles.

Literary life (Posy SIMMONDS)

note: 3...Anonyme - 27 septembre 2014

Posy Simmonds, auteure de Tamara Drew et de Gemma Bovery deux livres adaptés à l’écran, est aussi auteure- illustratrice pour la jeunesse et dessinatrice de presse. Et c’est justement entre ces 2 romans à succès que l’artiste aux multiples talents, a exercé pour le supplément littéraire du Guardian. De ces chroniques hebdomadaires compilées résulte une BD d’une centaine de pages d’une grande densité textes/dessins. Il y est question de panne d’inspiration, de doute existentiel, de manœuvres commerciales et d’ego, beaucoup d’ego ! Tous les acteurs du monde littéraire sont épinglés, écrivains, agents (système anglo-saxon oblige), éditeurs, critiques, chacun a sa part dans cette commedia dell’arte des Belles Lettres. Petite comédie de moeurs à l’anglaise, drôle et féroce à la fois.

Le Règne des Illuminati (Éric GIACOMETTI)

note: 4... Laëtitia - 25 septembre 2014

« Le monde se divise en 3 catégories de personnes : un très petit nombre qui produit les événements, un groupe un peu plus nombreux qui veille à leur exécution, et enfin une large majorité qui ne comprendra jamais ce qui s’est passé en réalité » (Nicholas Butler, prix Nobel de la paix 1931). Le ton est donné pour ce 9èm opus des enquêtes du commissaire Marcas. Nous sommes bien en présence d’un thriller ésotérique, avec des thèmes récurrents : le conspirationnisme, les sociétés secrètes, la vérité travestie par les apparences. Le plaisir de la lecture est double avec deux enquêtes se juxtaposant dans le temps : celle de Ferragus se passant sous le règne de la Terreur, et celle contemporaine du commissaire Marcas qui nous offre une plongée dans l’histoire des Etats-Unis. L’évocation des travaux du professeur Oughourlian (notamment sa théorie du troisième cerveau) et de comment la science pourrait être dévoyée au profit des puissants, étoffe davantage un roman déjà très dense. Ne boudons pas notre plaisir face à ce roman protéiforme (à la fois roman historique, ésotérique, polar). Ce roman est également disponible en version numérique sur les liseuses de la médiathèque.

Ainsi se tut Zarathoustra (Nicolas WILD)

note: 4Prix France Info de la BD d'actualité et de reportage 2014Anonyme - 23 septembre 2014

Nicolas Wild, le jeune dessinateur alsacien de Kaboul disco, rencontre à Paris la fille d’un intellectuel zoroastrien (nommé Cyrus Yazdani dans la BD) assassiné quelques années auparavant en Suisse. De cette rencontre fortuite va découler une aventure mi-journalistique mi-créative au cœur de l’Iran. A la fois visite culturelle, de Shiraz à Yazd (très belles planches d’architectures et de paysages) et chronique sociale d’une dictature contemporaine. Une recette déjà pratiquée avec succès par Guy Delisle, mais avec plus de volupté dans le dessin de Wild. Basé sur la vie de Kasra Vafadari, humaniste iranien, principal représentant et défenseur du zoroastrisme, ce livre a surtout la particularité d’évoquer les origines et pratiques de cette religion monothéiste presque aussi ancienne que le judaïsme et pourtant méconnue, voire en voie de disparition. Avec une distance pudique permettant d’user de l’humour malgré les circonstances, Wild dresse un portrait du pays entre flamboyante antiquité perse et actualité explosive. Fascinant Iran…

SuperZelda (Tiziana LO PORTO)

note: 3...Anonyme - 20 septembre 2014

Il semblerait que Francis Scott Fitzgerald ait le vent en poupe. Son Gatsby s’est offert une clinquante affiche hollywoodienne en 2013 (3e adaptation du roman au cinéma), quelques années après le succès au box-office de « L’Etrange histoire de Benjamin Button ». Aujourd’hui c’est sa femme, Zelda qui fait l'objet d'une BD. Une personnalité exubérante et attachante, qui aurait pu être une féministe d’avant-garde si elle n’avait reconnu elle-même abhorrer les femmes. Le couple passionnément amoureux traverse les années folles de l’Alabama à New-York en passant par la France et l’Italie. Un itinéraire d’enfants gâtés entre hédonisme, création et désespoir, car la vie est courte, trop courte… Tiziana Lo Porto, journaliste romaine, propose un reportage étoffé d’extraits de correspondance et de témoignages de leur entourage. Une BD qui plaira certainement aux admirateurs de Fitzgerald tant la folle vie du couple ressemble à son œuvre.

Anaïs s'en va-t-en guerre (Marion GERVAIS)

note: 3... Laëtitia - 6 septembre 2014

Voici un beau portrait de jeune-femme : Anaïs ne rêve pas d’une vie bien rangée, d’une armoire pleine de vêtements dernier cri. Non, son rêve serait de posséder un jour sa propre terre, qu’elle loue pour le moment. Car Anaïs cultive des plantes aromatiques et médicinales qu’elles transforment en tisanes. Reine des près, marjolaine, pavot de californie n’ont pas de secret pour elle. Malgré les embûches, elle travaille comme une forcenée, car comme elle le dit « Je préfère travailler 60 heures pour ma passion que 35 heures pour des cons !». Elle nous touche dans son rêve d’une société alternative, où l’hyper-consommation, la rentabilité, la vitesse seraient bannies. Mais où la passion, l’enthousiasme, l’épanouissement de l’humain l’emporteraient. Vous pouvez suivre la trajectoire d’Anaïs sur son site :http://www.lestisanesdanais.fr/

K.O à Tel-Aviv n° 2
KO à Tel-Aviv - 2 (Asaf HANUKA)

note: 4...Anonyme - 30 août 2014

Auto-fiction à la narration aussi inventive que la mise en forme, cette série possède des atouts artistiques indéniables pour sortir du lot des BD du genre. Pour la forme, Couleurs vives, ligne claire, dessin léché, ces scènes de vie quotidienne sont à l’origine publiées chaque semaine dans une revue économique israélienne. Pour le fond, il est difficile de présenter l’ensemble regroupé en 2 BD : strips de la vie ordinaire aux échos existentiels : vivre dans un pays en guerre, l’angoisse d’être père, d’être artiste, de ne pas boucler les fins de mois, la peur de la maladie, les renoncements, l’incommunicabilité dans une société ultra-connectée, mais aussi les petites victoires, l’amour malgré tout… et une bonne dose d’humour.
Des planches aux allures très personnelles frôlant le travail psychanalytique certes, qui peuvent cependant trouver écho en des milliers de personnes de sa génération.
Usant du rêve et du fantastique, son dessin n’est pas sans rappeler Moebius pourvu de la même force de « frappe » imaginaire immédiate. L’influence des comics de son enfance est aussi très présente, après tout, dans un monde si hostile, on est tous des super-héros pour prétendre au bonheur…

Je vais mieux (David FOENKINOS)

note: 3Je vais mieux FoenkinosAnonyme - 19 août 2014

Introspection d'un homme qui, suite à une douleur, va petit à petit prendre conscience, qu'en osant faire des choix à travers lesquels il s'implique, se libèrera de ce qui entravait son existence ... Sincère, touchant délicat.

Filles impertinentes (Doris LESSING)

note: 3Filles impertinentes D LESSINGAnonyme - 19 août 2014

Où l'on voit que la Mère restera toujours, quoiqu'elle fasse et quelque soit la période, un contre exemple pour sa Fille .. ici sur fond de guerre, colonialisme, ruée vers l'or. Entre introspection et roman de moeurs de l'Angleterre Victorienne. Des destins aux sensibilités que tout opposent, ballotés par l'Histoire.

Filles impertinentes (Doris LESSING)

note: 3...Anonyme - 13 août 2014

Doris Lessing, Prix Nobel de littérature en 2007 avait déjà livré beaucoup d’elle-même dans ses premiers romans évoquant l’Afrique notamment. Elle a 65 ans lorsqu’elle choisit une forme brute d’autoportrait livrant sa jeunesse, l’histoire de ses parents et de leurs relations comme l’aurait fait un observateur extérieur. Sans épanchement, comme détachée, elle analyse principalement la relation à sa mère. Le parcours de sa famille donne le ton d’une époque coloniale dont les principes s’effondrent sous les coups des guerres qui s’enchainent et des évolutions sociales. De l'Angleterre victorienne à la Perse où le père dirige une banque, puis à la Rhodésie du sud (actuel Zimbabwe) où il croit faire fortune avec ses plantations ou l’or, la chute sociale est terrible. Et tandis que Doris et son frère s’épanouissent dans la brousse fusil à l’épaule en compagnie des noirs, la mère perdue dans cet environnement hostile, voit s’effriter ses ambitions pour eux. Non, Doris ne sera pas une mondaine accomplie ni l’honorable mère d’un foyer pieux. Femme insolemment non conformiste, elle assumera même dans sa vie privée (outrageusement dissolue pour l’époque) ses engagements politiques. Parfois glaçante car sans concession, Doris Lessing est sans conteste une femme d’exception.

Des Abeilles et des hommes (Markus IMHOOF)

note: 3... Laëtitia - 29 juillet 2014

Les abeilles participent pleinement au grand cycle de la vie : en butinant, elles fertilisent les fleurs et cette pollinisation fait qu’un tiers de ce que mange l’homme (fruits, légumes) existe. Mais le cercle vertueux peut être brisé : pesticides, parasites, pollution y concourent. Le réalisateur suisse, dont le grand-père a su lui transmettre sa passion en ayant construit une maison abritant ses 150 ruches, montre une image inquiétante de l’apiculture, devenue hélas dans une grande partie du monde une filière sans âme à l’égale de la filière agroalimentaire. Quelle ne fut pas ma stupeur d’apprendre que l’homme fait ingurgiter à ses abeilles un mélange d’eau sucrée et d’antibiotiques, comme pour les poulets en batterie, avec les conséquences désastreuses que l’on sait ! Heureusement, le reportage montre des exemples d’apiculture respectueuse, comme en Suisse ou encore en Australie, où des scientifiques bâtissent une arche de Noé pour abeilles, sur une île déserte. A voir, car très instructif.

Les Jacarandas de Téhéran (Sahar DELIJANI)

note: 4... Laëtitia - 16 juillet 2014

Tout comme «En censurant un roman d’amour iranien» de Mandanipour mêle la plus subtile poésie à l’âpre réalité d’une société qui pousse ses membres à la schizophrénie, «les Jacarandas de Téhéran», premier roman en partie autobiographique, est dans la même veine. L’Histoire y côtoie des histoires, nous livrant de magnifiques portraits de femmes et d’hommes courageux sur trois générations, avec un télescopage dans le temps qui permet au lecteur de mieux comprendre l’évolution de certains personnages, comme Leila qui s’abandonne pour l’amour d’Ahmad, et qui, l’ayant perdu, se consacrera à élever les enfants de la famille dont les parents sont emprisonnés pour opinions politiques. Parmi ces nombreux portraits, on retiendra le personnage d’Azar, qui en 1983, lors de la guerre Iran-Irak, donnera naissance à la petite Neda en prison (personnage inspiré de la propre histoire de l’auteur). Ou encore la découverte par une jeune femme des causes véritables de la mort de son père, celui-ci ayant été exécuté comme 30 000 autres citoyens en 1988, lors de l’une des plus terribles purges sous le règne de l’ayatollah Khomeyni. Mais tel le jacaranda qui se renouvelle pour donner des fleurs flamboyantes, malgré le sang versé, les histoires d’amour contrariées, l’exil, ces hommes et ces femmes permettront l’éclosion d’une nouvelle ère.

Riposte ! (Jessie MAGANA)

note: 4Riposte! Comment répondre à la bêtise ordinaireAnonyme - 12 juillet 2014

Ces clichés que l’on entend régulièrement autour de nous, d’où sortent-ils ? Sur quoi peut-on affirmer telle ou telle vérité sans connaître la réalité des situations ? Ce livre propose de décortiquer 20 affirmations sur des sujets très variés, en expliquant les situations. C’est en ayant plus d’éléments de compréhension que l’on pourra alors répondre à ce qui nous fait bondir, ou mieux : changer son jugement sur certaines situations.
Ce petit livre va peut-être permettre aux plus jeunes de se faire une opinion sur le monde qui les entoure, et de s’affirmer lorsque l’un de ces clichés les mettra mal à l’aise. S’il suscite la réflexion et la discussion, c’est un grand début.
A partir de 10 ans.

Vocation DJ (Lisa REGAN)

note: 4Une collection à découvrirAnonyme - 8 juillet 2014

La collection Urban Escape fait son apparition en documentaire jeunesse et aborde des sujets actuels à l’adresse de tous ceux qui s’intéressent aux cultures urbaines et sports de glisse. Une approche efficace de l’histoire de la discipline, du langage technique, des sensations, des infos si l’on veut en savoir un peu plus sur le snowboard, le DJ. Les illustrations sont énergiques et résolument actuelles.
Documentaires à partir de 8 ans, les autres thèmes à venir : BMX Freestyle, Street Football et Free Running.

L'Arabe du futur n° 1
Une jeunesse au Moyen-Orient, 1978-1984 (Riad SATTOUF)

note: 4...Anonyme - 10 juin 2014

Riad Sattouf maîtrise l’art d’osciller entre humour et sociologie. Déjà, «la Vie secrète des jeunes», «Pascal brutal» ou "les Pauvres aventures de Jérémie ", tranches de vie humoristiques, n’étaient pas si légers et touchaient à des sujets sensibles avec pertinence. Dans « Ma circoncision » en 2009, il commençait un travail autobiographique aujourd’hui approfondi avec ce 1er tome du récit de sa petite enfance. Il a entre 2 et 5 ans dans les années 80. Son père syrien et sa mère bretonne, s’installent au gré des postes universitaires du père docteur es histoire, dans la Lybie de Kadhafi puis la Syrie d’Hafez Al-Assad après un brève passage dans la campagne bretonne. A travers son regard d’enfant, la brutalité sœur de la misère apparaît avec une étonnante lucidité pour son jeune âge. On rit de situations kafkaïennes dans la dictature libyenne, on frémit aux violences tant physiques que psychologiques engendrées par la pression sociale et religieuse dans le village paternel près de Homs. Une œuvre personnelle courageuse qu’il est étonnant de voir parfois qualifiée de bd comique. C’est vrai, Sattouf c’est « les Beaux gosses », mais ne l’abordez pas avec une idée préconçue, cette trilogie procède du travail de mémoire (certes subjective, cependant un point de vue brut sans clairement de jugement de valeur puisqu’il s’agit d’un tout petit enfant) sur la dictature syrienne, toujours en place aujourd’hui.

Suzanne (Marie-Ange GUILLAUME)

note: 3... Laëtitia - 5 juin 2014

«Suzanne» est une chronique familiale d’une rare intensité, tournant autour du trio père/filles. La jeune réalisatrice excelle à filmer le quotidien des gens ordinaires, son héroïne Suzanne d’abord (Sara Forestier) filmée sur un quart de siècle, que l’on voit dès les premiers plans enfant dansant lors de la fête de l’école, puis adolescente tombant enceinte et décidant de garder l’enfant, ensuite à 20 ans, plaquant tout pour un bad boy de Marseille à la gueule d’ange. Ensuite, le père veuf routier d’une grande pudeur élevant ses deux filles, incarné par un magistral François Damiens, aussi bon acteur de drame que doué pour ses caméras cachées qui l’ont révélées au grand public. Mais aussi Adèle Haenel qui n’a pas démérité son César de meilleure actrice dans un second rôle en tant que sœur de l’héroïne, à la fois douce et forte, pilier de cette famille. Et que dire de Sara Forestier, qui a là un de ses plus beaux rôles, où elle révèle toute sa fougue et son naturel d’actrice. Avec une narration qui fait la part belle à l’ellipse, avec le choix de mettre en lumière la force des sentiments (passion, désespoir) plutôt que ses conséquences (le fait de quitter travail et ville, puis la cavale), un film qui vous marquera longtemps.

Baïkal Mer sacrée (Philippe GUICHARDAZ)

note: 3...Anonyme - 4 juin 2014

Outre ses records de 1er de la classe (lac le plus profond, le plus ancien du monde et plus grande réserve d’eau douce, si immense qu’une seule de ses îles a la superficie du Léman entier !), le lac Baïkal est un trésor caché de la Sibérie. Longtemps en marge des grands circuits et par conséquent protégée d’un tourisme agressif, cette partie de la Russie suscite l’intérêt par sa beauté sauvage et sa singularité culturelle. Envie de dépaysement ? Imaginez un lac si vaste que rien n’arrête son horizon, des villages aux confluences de l’Europe slave et de l’Asie tatare où clochers à bulbe côtoient temples bouddhistes et chamanisme bouriate. Imaginez une banquise, qui après 5 longs mois de neige, laisse apparaître du pavot jaune méditerranéen au bord de ses eaux d’un bleu intense. Plus loin, les edelweiss des steppes succèdent aux pins de la taïga. Ce guide hors des sentiers battus, vous introduit dans l’histoire, la géographie et la culture de cette mystérieuse Sibérie orientale. A coup sûr, il ne vous laissera pas de glace.

Bandonéon (Jorge GONZALEZ)

note: 3...Anonyme - 28 mai 2014

Ce roman graphique est une double traversée transatlantique : Récit de la vie d’un enfant issu de l’immigration italienne à Buenos Aires dans les années 1910, par un dessinateur argentin contemporain exilé en Espagne. Deux époques et deux continents liés. La première partie, « Bandonéon », est une fiction, mettant en scène un jeune prodige du piano face aux choix de sa vie : carrière, trahison, fidélité…sur fond de tango, musique populaire métissée mêlant sensualité, complainte, ardeur comme le symbole de l’Argentine en ce début du 20e siècle. La deuxième partie intitulée « Juste comme ça », se présente sous forme d’une séquence autobiographique pour expliquer la genèse de cette BD. L’auteur, Jorge Gonzales, argentin issu d’une famille galicienne installée à Buenos Aires, a lui migré dans le courant inverse en Espagne. Il illustre sa vision de l’identité, des paradoxes de l’exil et du sens de la vie dans un album sépia au dessin nerveux et vibrant.

Le pont des arts (Catherine MEURISSE)

note: 3...Anonyme - 20 mai 2014

Catherine Meurisse jette un pont entre les peintres et les écrivains du 18e au 20e siècle. Avec beaucoup d’humour et un trait caricaturiste, l’auteur nous propose d’intéressantes anecdotes sur la genèse ou le destin d’œuvres et d’auteurs majeurs :
Saviez-vous que La Joconde fut la cause du séjour en prison d’Apollinaire, où il écrira en partie son recueil Alcools ? Pourquoi Cézanne mit-il fin à son amitié avec Hugo ? Par quelles circonstances furent liés à plusieurs reprises Balzac et Picasso ? Ou encore qui se cache derrière le personnage d’Elstir dans la Recherche du Temps perdu ?
Une dernière devinette pour vous mettre l'eau à la bouche : qui a peint le tableau qui inspira à Baudelaire ce fameux quatrain ?
« Entre tant de beautés que partout on peut voir,
Je comprends bien, amis, que le désir balance;
Mais on voit scintiller en Lola de Valence
Le charme inattendu d'un bijou rose et noir. »

Les Hussards (Alex JOFFÉ)

note: 5la folie des grandeursAnonyme - 16 mai 2014

super marrant

La Princesse des glaces (Camilla LACKBERG)

note: 3...Anonyme - 22 avril 2014

Dans ce grand courant polar scandinave actif depuis une décennie au large des côtes littéraires françaises, Camilla Lackberg est bien placée derrière Stieg Larsson. Vous avez sûrement entendu parler de sa « Princesse des glaces », premier roman traduit en français en 2008, suivi de bien d’autres succès depuis. D’ailleurs, les lecteurs addicts du genre, peuvent attester qu’il faut s’armer de patience pour avoir en main le dernier Lackberg. Et bien il faudra peut-être vous mettre aussi sur liste d’attente pour cette adaptation en BD. Que vous ayez ou pas lu le roman, le scénario vous piège très vite et vous oblige à ne pas remettre la suite au lendemain. La mise en scène et en couleurs visant à rendre l’atmosphère de ce petit village suédois où tout le monde se connaît et où chacun dissimule quelque chose, est immédiatement efficiente aussi. Des qualités propres aux bons polars et aux bonnes BD, de quoi ravir deux fois plus de lecteurs !

Sez Ner (Arno CAMENISCH)

note: 3...Anonyme - 9 avril 2014

Sez Ner est un étonnant objet impossible à classer. L’auteur, Arno Camenish, jeune suisse des Grisons, écrit ce roman une première fois en schwytzertütsch (suisse alémanique) puis en sursilvan, l'un des cinq idiomes de la langue romanche. Le romanche fait partie des langues rhéto-romanes, apparenté au ladin et au frioulan pratiqués en Italie. Enfin, vous avez entre les mains la traduction française. La particularité linguistique d’origine a été conservée par la traductrice grâce à un phrasé et un vocabulaire tout à fait dépaysants, empruntés pour la cause, aux patois de suisse romande, notamment jurassien, fribourgeois et valaisan. Il faut passer l’étonnement (voire la difficulté) des premières pages sans glossaire, pour que la langue et la construction en petites séquences se laissent apprivoiser. Récit du quotidien montagnard au pied du Ser Nez, dans ces Alpes grisonnes méconnues, si la nature exulte à chaque page, pas d’idéalisation romantique pour autant. La grossièreté des personnages autour de l’armailli (le berger), le burlesque de certaines anecdotes, donnent un ton très réaliste à ces « haïkus » de l’alpage.

Chant des mers du Sud (Marat SARULU)

note: 3... Laëtitia - 8 avril 2014

En Asie centrale, dans un petit village kirghize, des voisins, un couple de russes, un couple de kazakhs, vivent en harmonie jusqu’au jour où Maria donne naissance à un enfant qui, au lieu d’être blond comme les blés, a le type eurasien. Le poison du doute s’instille : quinze ans plus tard, l’enfant s’enfuit dans la steppe avec des nomades, éleveurs de chevaux, Maria et Ivan ont du mal à communiquer autrement que par les injures et les coups. Cette déliquescence des personnages est comme un écho au délabrement de l’empire soviétique, à l’absurdité du système (Ivan est employé au barrage du village, mais il ne met jamais les pieds à son travail), mais l’on peut néanmoins reproché au cinéaste d’avoir un peu trop appuyé sur le cliché de l’âme slave avec ces scènes de beuveries, de bagarres. Toutefois, quand Ivan entreprend un long voyage de l’autre côté de la frontière pour rendre visite à son grand-père, celui-ci lui conte l’histoire tragique de sa famille, le secret de ses racines interethniques, et le récit bascule dans un voyage atemporel et initiatique. On est saisi par le souffle épique de certaines scènes retraçant ce qui ressemble à une épopée : deux hommes combattant à cheval pour l’amour d’une femme, les chants traditionnels qui accompagnent les chevauchées dans la steppe, les scènes de massacres au temps de la colonisation russe. Malgré quelques maladresses, un film touchant, très «peace and love».

Monde sans oiseaux (Karin SERRES)

note: 3... Laëtitia - 4 avril 2014

Ce premier roman onirique, au souffle poétique, est un petit bijou inclassable : sommes-nous en présence d’un conte moderne, d’une fantaisie teintée de mystère, d’une satire de l’ancien monde rural ? L’histoire est celle de «Petite boîte d’os», de sa naissance à sa mort, et de sa communauté préservée du monde moderne (que l’on devine proche, et méprisant les habitants du lac considérés comme arriérés), quelque part près d’un lac nordique. L’eau est omniprésente, les habitants lui vouant quasiment un culte. Il est source de richesses, puisque l’on y pêche du poisson de père en fils, mais aussi parce-que dans ce monde futuriste on y élève des cochons amphibies et fluorescents. Mais il est aussi sacré, puisqu’on y engloutit les morts, et source d’angoisse, car il y a déjà eu un déluge et que les maisons sont montées sur roues afin d’être déplacées en cas de catastrophe naturelle. Ode à la luxuriance de la nature et à la pureté des sentiments, un roman atypique rafraîchissant, à l’écriture alliant sensualité, réalisme âpre et surréalisme à la Boris Vian.

Lâcher prise (Miriam KATIN)

note: 4...Anonyme - 1 avril 2014

Miriam Katin, américaine d’origine hongroise, graphiste pour le cinéma, écrit son premier roman graphique à 63 ans. «Seules contre tous» retrace le parcours de sa mère fuyant les persécutions antisémites à Budapest, avec Miriam toute jeune enfant. A peine accouche-elle dans la douleur de cette autobiographie, que son fils né aux Etats-Unis, lui apprend qu’il s’installe à Berlin. Pire encore, il lui demande de l'aider à obtenir sa nationalité d’origine…Cette annonce provoque une nouvelle onde de choc dans sa mémoire. C’est là l’objet de sa 2e BD. L’Allemagne au présent confrontée au royaume des morts de ses souvenirs. Et Katin ne fait pas dans le politiquement correct, elle ne sert pas de gentils lieux communs sur la réconciliation. Elle souffre de se rendre à Berlin jusque dans son corps, déclarant des troubles physiques lors de ses séjours. Son regard de rescapée juive doublée de bobo de Brooklyn sur cette ville est sans concession. Cependant, Berlin est pleine de ressources pour en venir à bout des aprioris…Force est de constater que nulle autre ville au monde peut-être, ne s’est gravée dans le pavé avec autant de force son devoir de mémoire. « Les allemands ont même un mot pour ça : vergangenheitsbewältigung, confrontation avec le passé ». La liberté du dessin au crayonné pastel, donne une légèreté à cette bd dont le sujet, bien que grave, est traité sur le ton d’une autodérision à la Woody Allen.

Come prima (ALFRED)

note: 3...Anonyme - 29 mars 2014

Deux frères comme deux possibilités, deux choix de vie dans un pays lui-même déchiré entre deux extrêmes politiques. La réconciliation est-elle possible ? Y a-t-il un jour prescription pour ses actes de jeunesse ? Construit-on sa vie librement ou en réponse aux choix de ceux qui nous précèdent dans la fratrie ? Le road-movie à travers l’Italie des années 60, primé à Angoulême cette année, séduit par sa sincérité. Le dessin est chaud et enveloppant malgré la tension entres les 2 hommes dans le huis-clos de leur cinquecento. Quelques cases muettes en aplats de couleur parsèment des bribes du passé, élégante technique pour nous faire pénétrer pudiquement dans la mémoire familiale. Alfred parvient à captiver l’attention avec un sujet déjà largement exploré, pari difficile mais gagné.Peut-être parce qu’Alfred, de son vrai nom Lionel Papagalli, a bâti sa fiction sur les fondations d’histoires familiales réelles, résurgentes quand il décide de retourner vivre en Italie.

Histoire de la sainte Russie (Gustave DORE)

note: 3...Anonyme - 26 mars 2014

Gustave Doré fut un artiste hors normes, si son nom est passé à la postérité grâce à ses illustrations de la Bible, de la Divine comédie ou encore de Don Quichotte, le graveur, peintre, sculpteur, commença sa carrière comme caricaturiste de presse à 15 ans. « L’histoire de la Sainte Russie » fait partie de cette période irrévérencieuse, la jeunesse du prodige autodidacte. La forme est surprenante, vous avez en effet l’impression de tenir entre vos mains un authentique BD de type roman graphique ! Le concept n’existait bien-entendu pas encore en cette année 1854, même si les histoires en images du pédagogue suisse Rodolphe Töpffer dans les années 1830 sont souvent considérées comme la préhistoire du genre. La scénographie des pages, textes/gravures (et oui, gravures sur bois !)est d’une étonnante modernité. Quant au contenu, le sous-titre n’est pas négligeable : histoire pittoresque, dramatique et caricaturale… G Doré ne propose pas une édition universitaire, mais bel et bien une satire populaire. L’humour peut sembler parfois vraiment cinglant tant il présente la Russie comme une nation autoritaire et sanguinolente, mais rappelons-nous, la France était en pleine guerre contre la Russie en 1854, quelle guerre ? La Guerre de Crimée…étonnante résonance dans l’actualité 160 ans après la 1ère édition de ce livre

Notre École (Mona NICOARA)

note: 3... Laëtitia - 22 mars 2014

Le droit à l’éducation est un droit universel pour tous les enfants. En 2006, 30 villes de Roumanie ont reçu des fonds de l’Union Européenne pour permettre l’intégration des enfants roms dans les écoles. Les deux cinéastes ont choisi Targu-Lapus, au nord de la Transylvanie, pour filmer sur 4 ans le projet de reconstruction de l’ancienne école devant permettre la mixité sociale entre roms et roumains, et le processus complexe d’intégration dans l’école du centre-ville. En effet, comment venir propre à l’école quand on n’a pas l’eau courante à la maison ? Comment ne pas être en retard quand on doit effectuer plusieurs kilomètres à pied? Comment peut-on s’intégrer dès lors qu’on est confronté au racisme ordinaire dès son plus jeune âge? Et comment penser la réussite scolaire et professionnelle quand ses parents ne l’ont jamais vécu ? Les cinéastes ont évité de porter un regard politique sur les faits, les enseignants ne sont pas stigmatisés, chacun exprime son point de vue, ce documentaire n’étant pas fait pour culpabiliser le public, mais lui permettre d’entamer sa propre réflexion. Malheureusement, le constat pour Targu-Lapus est accablant : la nouvelle école reconstruite avec l’argent de l’Europe s’avère être un futur ghetto (d’ailleurs, elle n’ouvrira jamais) et les enfants roms finiront par être intégrés dans un établissement pour enfants déficients mentaux. Un documentaire en forme d’uppercut.