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Lettre à ma fille (Maya ANGELOU)

note: 3Lettre à ma fille (qu’elle n’a pas eu) ou les leçons de vie de Maya Angelou.Anonyme - 14 mars 2017

La sagesse des anciens ne se transmet plus les soirs de veillées, aussi l’écrivaine et artiste américaine, a-t-elle offert ses petits contes philosophiques sous forme de lettre.
Elle, qui dans sa vie chaotique n’a eu qu’un fils, adresse son message à sa fille soit à toutes les femmes. Mais attention, à lire d’autant plus lorsque l’on est un homme, soit fils d’une femme et peut-être aussi père d’une femme, frère, cousin ou amant… d’une femme.
Cette longue lettre tour à tour affectueuse, drôle ou sévère, distille des enseignements souvent chèrement acquis.
Curieusement, cette intellectuelle militante reconnue dont les écrits sont étudiés en classe aux Etats-Unis, fait mentir l’adage « nul n’est prophète en son pays » tant sa réputation est confidentielle en France.
Mais que vous la connaissiez ou pas, ne ratez pas ce rendez-vous, ne serait-ce que pour la parabole du tapis.

Post-scriptum (Alain Claude SULZER)

note: 3...Anonyme - 7 mars 2017


Sulzer nous offre une nouvelle démonstration de subtilité au milieu d’une littérature du mot choc.
Nul éclat, nulle gesticulation, pas de mots crus servis sur lit de violence et pourtant tout est là. Les déchirements de l’histoire, de l’amour, des classes sociales, de l’ego...
C’est limpide comme une eau de torrent dans les montagnes de Sils Maria, où l’auteur suisse choisit de planter le décor. Ce point d’ancrage en dit long sur ses méthodes. Un cadre immuable, l’hôtel Waldhaus, cocon ouaté pour les grandes fortunes, pour dépeindre une époque si tourmentée.
Alain-Claude Sulzer est à mon sens, avec Martin Suter, un auteur suisse hors norme, l’un de ceux qui se liront encore avec émotion et qui feront encore sens dans un siècle quand beaucoup d’autres auront périmé.

Un Fauteuil sur la Seine (Amin MAALOUF)

note: 3Maalouf le magnifiqueAnonyme - 7 mars 2017

La puissance d’Andreï Makine, la poésie d’Andrée Chédid, la limpidité de Milan Kundera, l’intimité de Metin Arditi, l’extravagance de Majdalani, autant d’étranges étrangers porte-étendards indiscutables de la langue française.
Et Amin Maalouf. Maalouf l’égyptien, Maalouf le libanais, Maalouf le scribe francophone, Maalouf le Grand. Ce nomade a accepté l’hospitalité, bien méritée, du quai de Conti.
A quoi pense-t-on en posant ses fesses sur un fauteuil de l’Académie française ?
A l’éternité qu’il vous procure ? A ceux qui vous ont précédé sans nul doute. Mais ce qui est un exercice de style imposé du discours d’investiture pour certains, devient un roman de quatre siècles de littérature pour Maalouf. Le même souffle humaniste, la même fluidité que dans ses romans, la même érudition « sans en avoir l’air », pour passer en revue quatre siècles sans avoir trouvé le temps long une seule page.

Cette nuit, la mer est noire (Florence ARTHAUD)

note: 3Cette nuit, la mer est noire ( Florence Arthaud)Anonyme - 23 février 2017

FLorence Arthaud est l'une des plus grande navigatrice francaise. Elle a défié la mer et les plus grands navigateurs au fil de courses de renommée mondiale. Issu d'un milieu bourgeois du 16ème arrondissement , elle a tout quittée pour se faire un nom dans le milieu de la voile francaise. Elle obtiendra le respect et la reconnaissance des plus grands navigateurs dont Olivier De Kersauson. Sa nature sauvage feront d'elle une féministe de la mer. Elle a marqué les hommes des océans par sa force et sa détermination sur un bateau. Et puis soudainement par une nuit paisible en méditerranée son destin bascule. Cette mort immente qu'elle décrit minutes après minutes au fil des pages nous interpelle puisque quelques années plus tard la mort l'emportera dans un hélicoptère en Amérique du Sud. Ce livre entrecoupé de poèsie sur sa vie révèle une femme éprise de liberté qui ne se sentait bien que sur un bateau.

J'Avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd (Laetitia CARTON)

note: 5... Laëtitia - 22 février 2017

Trente ans après «Le Pays des sourds» de Nicolas Philibert, Laetitia Carton réalise un documentaire engagé et poétique sur l’identité culturelle, historique et surtout la langue des signes de la communauté sourde de France. Initié par son ami Vincent à la LSF, la réalisatrice a eu à cœur de continuer ce projet pensé à deux, qui aurait pu avorter suite au décès de Vincent, et qu’elle a mis près de dix ans à réaliser, le temps de mettre la colère et la tristesse à distance.
Le fil rouge du documentaire est la marche de cinq militants sourds, de Paris à Milan, soit 42 jours de marche avec notamment pour objectif, comme le dit l’un des marcheurs «d’être regardés comme des gens qui ont une culture et une langue et non plus seulement comme un problème médical», tout en dénonçant le fait que la France reste très en retard dans l’éducation bilingue des enfants sourds. Cette destination n’est bien sûr pas le fruit du hasard, puisque Milan avait accueilli en 1880 un congrès sur l’éducation des enfants sourds, où des «experts» prônaient l’oralisme au détriment de la LSF.
Ce fil rouge est ponctué de rencontres toutes plus touchantes et essentielles pour mieux montrer la diversité de cette communauté (qui compte aussi des entendants désireux de s’ouvrir à la richesse du monde des sourds) : Stéphane, professeur de LSF qui a lutté pour intégrer l’Éducation nationale, Josiane, qui dit sa tristesse de mal communiquer avec son fils, le comédien Levant Baskardès qui fait partie de l’International Visual Theatre dirigé par Emmanuelle Laborit et véritable laboratoire où se téléscopent les recherches artistiques, linguistes et pédagogiques sur la LSF.
Bref, une perle rare à visionner de toute urgence.

Le Destin ne s'en mêle pas (M.H. FERRARI)

note: 3Polar made in Corsica Laëtitia - 28 janvier 2017

Lorraine mais corse d’adoption, Marie-Hélène Ferrari a cartonné avec cette première enquête du commissaire Pierucci, qui en est à sa quatrième réédition et dont la trame se situe à Bonifacio, son lieu de résidence. Elle a su captiver un lectorat fidèle en créant un commissaire gourmand, bougon, qui a une relation difficile avec sa mère, bref qui est terriblement humain et attachant, et en saupoudrant son enquête de clins d’œil à l’île de beauté, évoquant les saveurs, les accents et les cultures corses, pour mieux nous ancrer dans son histoire. Une histoire somme toute banale mais tragique, la mort d’un homme apparemment ordinaire, Paul-François, qui se serait retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, ramassant une balle perdue. Pourtant quand sa femme, Marie-Savéria, tente d’en savoir plus, face au mutisme autour de Paul-François, le doute s’instille comme un poison : «et si son mari n’avait pas ramassé la mort de quelqu’un d’autre», pour reprendre une des expressions savoureuses de l’île ? Mené à un rythme placide mais efficace, le lecteur se laisse embarquer dans cette enquête atypique où passé et présent se mêlent, où malgré l’omerta difficile à percer, le commissaire Pierucci, pugnace, ira jusqu’au bout de la vérité.

Dawa (Julien SUAUDEAU)

note: 4... Laëtitia - 20 janvier 2017

Roman prémonitoire ou fine analyse de notre société contemporaine, vu à travers le prisme des diverses rencontres de l’auteur, tant au sein de Sciences-Po où il étudia, des banlieues dont il fréquenta les salles de boxe, ou encore en tant que journaliste d’investigation ? Sans doute tout cela à la fois.
Écrit en 2014, «Dawa» décrit la préparation par une cellule terroriste d’attentats djihadistes sur fond de campagne électorale… un vendredi 13 à Paris (troublantes similitudes…). A la fois roman noir nerveux et peinture quasi balzacienne d’une société en déliquescence, tout ou presque n’est que tractation et corruption dans les allées du pouvoir comme sur la dalle des 3000 à Aulnay. La force de l’auteur est de nous tendre un miroir de notre société, où les cœurs purs comme Momo, jeune voyou des cités repenti avec l’objectif de devenir boxeur, ou encore la politicienne intègre Hélène Faure, côtoient des âmes plus noires, telles Assan Bakiri, professeur d’arabe mettant sur pied un commando suicide, ou encore une multitude d’hommes politiques prêts à tout pour être élus, notamment à laisser l’économie se quatariser.
Toutefois, l’auteur veille à ne pas tomber dans un manichéisme primaire, même si sa vision de notre société est assez pessimiste. Un rythme haletant, des personnages attachants à la psychologie complexe, des rebondissements, de quoi dévorer ces presque 500 pages sans qu’il n’y paraisse.

Midnight special (Jeff NICHOLS)

note: 3Déroutant road-movieAnonyme - 17 janvier 2017

Incroyable road-movie science-fiction pour le dernier Jeff Nichols.
Le rapport père-enfant dans un monde de violence et de silence pourrait devenir son thème marque de fabrique (et l’envoûtant Michael Shannon son totem !) tant il l’avait déjà bien exploré dans Shotgun stories, Take shelter, Mud.
Avec la même subtilité, il livre une 4ème exploration du sujet, sans que ce soit la fois de trop.
Comme ses précédentes œuvres, le film est intense, nous tient par hypnose.
Le sujet extra-terrestre aurait rapidement pu devenir scabreux, il n’en est rien. On pourrait même dire que Jeff Nichols a renouvelé le genre en créant une SF poétique. Déroutant.

La Petite bédéthèque des savoirs n° 11
Le féminisme (Anne-Charlotte HUSSON)

note: 3...Anonyme - 16 décembre 2016

La petite bédéthèque des savoirs, encore une collection pour casser les idées reçues sur la bande dessinée.
Concept simple, associer un illustrateur à un spécialiste pour un contenu pédagogique concentré mais digeste.
Plusieurs atouts permettent à cette collection de sortir du lot des ouvrages de vulgarisation.
Un format poche pratique, des sujets éclectiques et des associations d'auteurs /illustrateurs (d)étonnantes.

Dans les abysses du Léman (Ulrich LEMMIN)

note: 3...Anonyme - 9 décembre 2016

Vous rappelez-vous de cette étrange rumeur ayant troublé les eaux lisses du lac l’été 2011 ?
Il se murmurait qu’un sous-marin russe explorait ses fonds ! De là à imaginer qu’on y cherchait un monstre lacustre ! Certains se privaient même de baignade craignant… on ne sait quoi d’indescriptible ! Eh bien une chose était pourtant vraie dans cette surprenante histoire, il y avait bien un sous-marin russe dans les fonds du Léman !
Ce livre retrace l’exploration inédite des « abysses », menée par une équipe scientifique interdisciplinaire hélvetico-russe et expose les résultats obtenus.
Les enjeux ? Le plaisir de percer les mystères les plus profondément enfouis pour ceux qui ont gardé une âme d’explorateur… Plus pragmatique, ce lac est l’une des plus grandes réserves d’eau douce d’Europe. Données sensibles.
Il est toujours surprenant de constater que l’on connaît souvent bien mieux une flore exotique que son propre environnement, voici une bonne occasion de remédier à cette ignorance…A moins que vous ne préfériez volontairement ne pas savoir dans quoi vous trempez vos pieds !

Night call (Dan GILROY)

note: 3... Laëtitia - 3 décembre 2016

Lou Bloom, jeune homme étrange sans profession et doté d’une foi quasi mystique dans «l’american dream», assiste un soir à un accident de la route. En voyant débarquer des chasseurs d’images, il a une révélation : ce métier, fait d’adrénaline, sera le sien, et il lui permettra à la fois de s’épanouir et de gagner sa vie. Il se donne tous les moyens pour y parvenir, s’achetant une caméra numérique, un scanner pour capter la fréquence radio de la police et des pompiers, afin d’être le premier sur les lieux du drame (car jacking, incendie, agressions diverses). Intelligent et tenace, il réussit à capter l’attention d’une directrice de l’information d’une petite chaîne locale, qui voit vite son potentiel, et comprend que ces images volées et sanglantes lui permettront de rebooster son audience en chute libre. Début d’une longue apnée dans l’univers de la télé trash, « Night call» renvoie à un certain cinéma des années 70, celui de Clint Eastwood et du «Taxi driver» de Scorsese, quand l’Amérique explorait l‘envers de l’american dream, loin des blockbusters aux héros invincibles, mais peu réalistes. L’univers du journalisme trash basé sur le voyeurisme et le sensationnalisme, avec un Jake Gyllenhaal saisissant en sociopathe sans déontologie et dépassant les limites de la morale, reflète à merveille cette vision pessimiste de notre monde moderne et instille une tension qui va crescendo pour servir un thriller sombre. Un bon film de genre qui sidère, interpelle.

Revue de presse (Romain DUTREIX)

note: 3Une BD avant l'expo Anonyme - 25 novembre 2016

La lutte pour la liberté de la presse n’a pas commencé avec les attentats contre Charlie, l’histoire est déjà longue. Mais cette actualité nous a violemment rappelé l’importance de cette liberté durement acquise. Attaqués de toutes parts, à l’arme comme au verbe, mercenaires au compte des élites pour certains, diffamateurs pour les autres, qu'on leur reproche de ne pas respecter dieu ou d’être des bobos du Marais, les journalistes n’ont jamais eu aussi mauvaise presse… Jamais ? En cas de crise, il est toujours salutaire de regarder dans le retroviseur (attention, objects in the mirror are closer than they appear…). Alors réviser l’histoire de la presse satirique et par là même de la liberté d’expression de chacun, semble pertinent en ce moment.
Ajoutons que les strips terriblement drôles, collent brillamment au sujet.
Un objet parfait pour préparer une visite de l'exposition qui se tiendra au Palais Lumière jusqu'au 8 janvier 2017.

Scream test (Grégoire HERVIER)

note: 3... Laëtitia - 18 novembre 2016

Un slasher est un sous-genre cinématographique du film d’horreur, mettant en scène les meurtres d’un tueur psychopathe éliminant l’un après l’autre et méthodiquement un groupe d’individus caricaturaux (la bimbo, le sportif écervelé, le timide boutonneux, etc). La couverture graphique et attrayante de «Scream test» confirme qu’il s’agit bien d’un polar mâtiné de slasher.
La trame narrative : sept candidats récupérés après un casting raté vont participer à une émission de télé-réalité (qu’ils imaginent ordinaire) diffusée sur le net, sur un site payant, alors qu’ils sont la proie d’un psychopathe jouant au démiurge. En effet, celui-ci laisse voter les spectateurs pour savoir qui part (une personne chaque jour), les participants ne se doutant pas que la nouvelle donne est d’abattre chaque sortant… Un suspense haletant où l’on colle aux basques de l’inspecteur Clara Redfield, qui se livre à une course contre la montre pour stopper la tuerie. Néanmoins, ce premier roman pèche par manque d’audace et de développements : on ne sait quasiment rien de ce qui se passe à l’intérieur de ce loft, les personnages ne sont pas assez fouillés et cela nous empêche de ressentir une véritable empathie envers eux. Mais ne boudons pas notre plaisir, sans être à la hauteur d’un roman de Stephen King, maître du genre, ceci reste un moment de lecture distrayante au coin du feu pour qui aime à se faire peur !

Le Règne du vivant (Alice FERNEY)

note: 4... Laëtitia - 16 novembre 2016

La préservation de la nature, le respect des êtres vivants sont dans l’air du temps et c’est tant mieux. Dans «Antispéciste», Aymeric Caron défend le fait que les intérêts de l’homme ne sont pas supérieurs à ceux des animaux, et nous livre un travail de vulgarisation scientifique recensant les connaissances accumulées en biologie évolutionniste, en génétique et en éthologie. De même le moine bouddhiste Matthieu Ricard, dans son «Plaidoyer pour les animaux», nous invite à étendre notre bienveillance à tous les êtres sensibles. Alice Ferney, surfant sur la vague de l’écologie militante, nous livre un roman hybride, fruit d’une enquête de deux ans, qui est aussi un manifeste en faveur de la protection des espèces animales marines. Le narrateur, un journaliste norvégien (Gerald), s’embarque à bord de l’Arrowhead, navire de Gaïa, fondation luttant activement contre la pêche illégale. Tout d’abord curieux et sans parti pris, le reporter va très vite prendre fait et cause pour le leader charismatique de Gaïa, Magnus Wallace, fortement inspiré par l’activiste Paul Watson. La force et l’originalité de ce roman résident dans l’alternance entre une narration classique, véritable symphonie de la mer avec ses scènes de beauté, de pureté, telles la rencontre avec une baleine et son baleineau, des descriptions sous-marines à couper le souffle, et la description au scalpel propre au documentaire de scènes de massacres de requins (juste pour leur aileron et rejetés vivants à la mer, rappelons-le !), de courses-poursuites pour torpiller les bateaux pirates. Radicaux mais non-violents, il est utile de préciser que malheureusement, les militants sont souvent condamnés et les pirates relâchés, alors que l’homme tue 1 000 milliards d’animaux marins pour sa consommation ! Un livre coup de poing qui donne à réfléchir sur de nouveaux comportements à adopter pour protéger les générations futures des déséquilibres écologiques, lutter contre l’extinction d’espèces menacées, mais aussi qui pose un défi éthique à relever sur notre rapport à l’autre.

La Loterie (Miles HYMAN)

note: 4"A quoi bon changer les choses maintenant ? ça n'aurait aucun sens..."Anonyme - 15 novembre 2016

Pour le centenaire de la naissance de Shirley Jackson, son petit-fils, l’illustrateur Miles Hyman, propose une adaptation en BD de son emblématique nouvelle, "La loterie". Parue en 1948 dans le New-yorker, ce récit dérangeant, aujourd’hui étudié dans les écoles américaines, suscita à sa sortie un vif émoi dans le pays entier. Le journal récolta des salves de plaintes, l’auteure vécut temporairement cachée.
La BD contextualise cette publication dans un prologue enrichi d’une biographie intime, regard du petit-fils sur sa grand-mère.
Impossible d’évoquer le contenu sans vendre la mèche, aussi, pas un mot de plus.
J’ajouterai juste que cette adaptation est une réussite tant elle restitue avec force l’esprit du texte original. De grandes cases quasi muettes, un dessin à la Hopper d’un réalisme étrange, une illustration superbe.
Contraste magistralement obtenu entre le dessin lisse, organisé et la violence contenue dans le ventre du récit.

La quête d'Ewilan (BD) n° 4
Les plateaux d'Astariul (LYLIAN)

note: 4Une jolie suiteAnonyme - 15 novembre 2016

Le quatrième tome des aventures d’Ewilan adaptées en BD...
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le niveau a été rehaussé d’un cran : des dessins splendides, parfaitement adaptés à l’histoire, de magnifiques doubles pages à couper le souffle et –pour une fois- une certaine fidélité au texte original des romans…

Il est vrai que les adaptations peuvent souvent se révéler décevantes. Mais force est de constater que celle-ci respecte scrupuleusement la pensée de l’auteur. On en prend donc plein les yeux, tant d’un point de vue scénaristique que dans les dessins et la mise en couleur. Et on retrouve avec plaisir des lignes de dialogue parfaitement retranscrites, qui nous avaient fait vibrer dans les romans et qui continuent à nous faire vibrer dans la BD. Mais peut-être nous habituons-nous tout simplement à la façon qu’ont les dessinateurs et scénaristes de la BD de nous présenter ce monde fantastique...

Toujours est-il que pour une fois, on ne grince pas des dents en refermant la BD -on se surprendrai même à l’apprécier…
Seul bémol, toutefois : les (trop ?) nombreux encarts permettant de résumer des passages qui feraient (peut-être ?) trainer en longueur l’intrigue s’ils étaient mis en dessin.

On attend donc le cinquième tome de cette série qui conclura sans doute le roman « Les Frontières de Glace » et posera les prémices de « L’île du destin », dernier tome de la trilogie « La quête d’Ewilan ».

La Rançon de la gloire (Xavier BEAUVOIS)

note: 3"La vie est telle une pièce de théâtre, mais sans répétitions"ChaplinAnonyme - 12 novembre 2016

L’histoire vraie de l’enlèvement de la dépouille de Chaplin contre rançon, aurait pu donner un scenario sordide. Il n’en est rien avec ce joli film car Xavier Beauvois n’a pas réalisé un documentaire mais bien une fiction inspirée. De nombreux films fonctionnent sur un tandem de comédiens. Celui-ci passera peut-être inaperçu noyé dans le vaste océan cinématographique, pourtant c’est un excellent duo. Pathétique, émouvant, le Zem–Poelvoorde est magique.
Sur les plateaux de la balance morale, le sacré doublement représenté (la mort et l’icône) face au réalisme de la vie, voire survie pour certains.
Comédie burlesque tendre assumant ses défauts et portée par un Poelvoorde de haute voltige…Si vous voulez encore un argument pour le voir, sachez que le film est bien-entendu tourné sur les rives du Léman !

Petit pays (Gaël FAYE)

note: 5Enfance à Bujumbura Laëtitia - 10 novembre 2016

Artiste protéiforme, Gaël Faye n’est pas seulement un jeune compositeur-interprète, mais aussi un jeune écrivain plein de promesses, dont l’œuvre fictionnelle aux accents autobiographiques a été couronnée du prix Fnac 2016. «Petit pays» est le récit d’une enfance au Burundi dans le milieu des années 90, celle de Gaby, 12 ans, double de l’auteur, métis né d’un père français expatrié et d’une mère rwandaise. La beauté de ce livre réside en partie dans la douceur, la magie de l’enfance dans ce cadre paradisiaque, qui s’exhalent en un phrasé fluide, poétique, pour dire le chapardage de mangues dans le jardin des voisins, la bande de copains avec qui on refait le monde, une excursion chez les pygmées. Mais bien vite, le paradis devient l’enfer : les disputes des parents, la confusion politique après l’assassinat en 1993 du premier président Hutu au Burundi, le génocide au Rwanda voisin. Le point de vue du narrateur adolescent se croise avec celui du narrateur adulte, permettant une relecture des faits, montrant l’ironie de la vie : comment un tortionnaire devient pasteur, comment les animaux des expatriés sont sauvés du conflit, jugés plus importants que les hommes abandonnés à leur triste sort. Une pépite que ce «Petit pays» au goût de paradis perdu, celui de l’enfance, de l’exil, de l’innocence.

La Femme qui prenait son mari pour un chapeau (Fiamma LUZZATI)

note: 3...Anonyme - 8 novembre 2016

La Femme qui prenait son mari pour un chapeau est un titre clin d’œil au livre du neurologue anglais Olivier Sacks, publié en 1985, abordant des pathologies rares et déroutantes.
Pourquoi ? Parce que Fiamma Luzzati, journaliste scientifique convertie à la Bande dessinée, aborde elle aussi le mystérieux continent « cerveau ».
A l’heure de l’intelligence artificielle, le cerveau humain est encore paradoxalement un vaste domaine d’exploration, de questionnements et d’autant de sources d’étonnement.
Entre vulgarisation scientifique et récits personnels des malades, leur entourage et des médecins, l’auteure trouve l’équilibre. C’est sans doute là que réside la réussite de cette proposition qui n’aurait pu être qu’une nouvelle BD Blog parmi tant d’autres sorties. L’implication personnelle de Fiamma Luzzati, discrètement introduite, souligne son absence d’opportunisme sur le choix du sujet.
Quant au ton, toujours respectueux, il n’exclue pas l’humour.
Cette auteure italienne installée à Paris depuis quelques années, est aussi à suivre dans le quotidien Le Monde avec un blog nommé "l'Avventura".

Free to run (Pierre MORATH)

note: 3... Laëtitia - 28 octobre 2016

Saviez-vous que les femmes, jusqu’à la fin des années 60, n’ont pas le droit de courir plus de 800 mètres aux Jeux Olympiques, sous prétexte que leur constitution serait trop faible (voire, ô comble de la bêtise, que leur utérus finirait par se décrocher!) ? Connaissiez-vous Kathrine Switzer, la première femme à avoir couru le marathon de Boston (1967), poursuivie par le directeur du marathon qui lui arracha son dossard et tenta de l’éjecter de la course ? Et Steve Prefontaine, surnommé le «James Dean de la piste», détenteur de tous les records des États-Unis (du 2000 m au 10 000 m), qui a milité pour que le statut d’amateur imposé aux athlètes –interdits de toucher le moindre centime de prime par les toutes puissantes fédérations- soit reconsidéré ? Aviez-vu déjà lu la revue «Spiridon» dont le fondateur Noël Tamini prône une course hors stade, au contact de la nature ?
Un documentaire pour tous ceux qui s’intéressent à la course à pied, avec un constat en demi-teinte : dès les années 80, l’argent a quelque peu perverti ce sport. Mais comme le dit si bien Noël Tamini : «Tant que personne ne peut nous interdire d’aller courir en forêt à l’heure qu’on veut, la vie est belle !»

A Perfect day (Fernando LEÓN DE ARANOA)

note: 3...Anonyme - 22 octobre 2016

Une affiche improbable : le superhéros sexy américano-portoricain Benicio del Toro, face à la non moins glamour James Bond girl ukrainienne, Olga Kurylenko, accompagnés de la diaphane mais loin d’être insipide, Mélanie Thierry et d’un inusable du cinéma américain depuis 30 ans sur les plateaux, Tim Robbins…Diantre, à quel film doit-on s’attendre ? En tout cas pas à un film d’espionnage et de courses poursuites malgré le casting international !
Inclassable, ce film tire les larmes comme le rire. A perfect day, c’est un jour comme un autre dans un convoi humanitaire solidaire et fragile, où tout le monde apporte sa bonne volonté mais où chacun arrive aussi avec ses démons.
Ce patchwork de comédiens fonctionne parfaitement bien. Fernando de Aranoa, retrouve le ton particulier des « Lundis au soleil » avec l’humour en plus, une presque légèreté, même si c’est un grand mot dans les circonstances. A noter que le réalisateur espagnol avait justement tourné un documentaire sur les humanitaires en Ouganda avant de s’attaquer à cette fiction.

Tropique de la violence (Nathacha APPANAH)

note: 4Une bien sinistre "île aux enfants" Laëtitia - 20 octobre 2016

Originaire de l’île Maurice, l’auteure a vécu deux ans à Mayotte, où elle a été marquée par la dureté de la vie, tout spécialement concernant les enfants des rues, de jeunes Comoriens souvent livrés à eux-mêmes. «Tropique de la violence» ne s’attarde guère sur le cliché de carte postale de ce département d’outre-mer (flore luxuriante, lagon bleu). Car si le récit commence tout en douceur, avec l’adoption par Marie, infirmière trentenaire blanche, d’un bébé clandestin (Moïse) et relate leur vie empreinte de confort et de rituels, celui-ci va vite basculer dans l’horreur avec la mort de Marie et le désarroi de Moïse, qui va devenir à son tour un enfant des rues et grossir les rangs du plus grand ghetto de Mayotte, rebaptisé «Gaza». L’originalité de ce roman réside dans la polyphonie des voix qui se relaient, chapitre après chapitre, pour faire valoir leur point de vue sur la tragédie en cours, y compris en faisant intervenir l’esprit des morts. Une écriture à fleur de peau, âpre, en accord avec le climat social empreint de violence. Pas de manichéisme ni de jugement moral concernant les personnages tel Bruce le caïd de Gaza, bourreau mais aussi ancienne victime, l’on voit bien toutes les contradictions dans lesquelles sont empêtrées les personnages, englués dans une sorte de fatalité. Assurément un des plus beaux et bouleversants livres de cette rentrée littéraire.

Saint Amour (Benoît DELÉPINE)

note: 4Un bon cru Laëtitia - 14 octobre 2016

Déjà septième long-métrage du duo Delépine-Kerven, leur nouveau film, aux scènes toujours aussi hilarantes que touchantes et aux dialogues loufoques, est un hommage au plus célèbre des crus du Beaujolais. Certes, avec une belle brochette d’acteurs connus pour leur amour de la bonne chère et de la dive bouteille, on assiste à un road-movie viticole, mais ce serait ne pas leur faire honneur que de cantonner le film uniquement dans ce registre-là. Car il s’agit avant tout d’un éloge du monde rural, de pudeur des sentiments avec un amour filial mal exprimé et de la difficulté de faire de belles rencontres amoureuses, que l’on soit paysan comme Bruno (magistral Poelvoorde tout en gaucherie et tendresse) ou chauffeur de taxi mythomane comme Mike (drôlissime Vincent Lacoste) ou veuf inconsolable comme Jean (l’ogre Gérard Depardieu). Ce voyage sur la route des vins va permettre au trio de fendre l’armure, de s’interroger sur leurs vrais désirs, par le biais de rencontres insolites. On notera le super casting des seconds rôles, apportant chacun leur pierre à l’édifice : on adore l’apparition surréaliste de Michel Houellebecq en maître d’hôte, Solène Rigot en jeune serveuse inquiète par la dette mondiale, et surtout Céline Sallette, Vénus souffrant de ménopause précoce, sans oublier Ovidie, Chiara Mastroianni ou Izia Higelin. Mention spéciale à la fin du film, qui n’est pas sans évoquer le célèbre «Les valseuses» de Blier.

Ninn n° 1
La ligne noire (Jean-Michel DARLOT)

note: 4...Anonyme - 14 octobre 2016

Ninn, c’est une nouvelle série, dans la lignée de Seuls ou de Klaw, pleine de mystère, de zones d’ombre, de menaces et de dangers, dans l’univers pourtant bien connu du métro.

On y retrouve Ninn, une héroïne peu banale, passionnée par le monde souterrain du métro. Et ce n’est pas étonnant : ses oncles adoptifs l’ont trouvé au fin fond de la ligne noire, cette ligne maudite, alors qu’elle n’était qu’un bébé.

Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Qui sont ces inquiétantes créatures aux allures menaçantes qui la suivent ? Et ces papillons multicolores qu’elle est la seule à voir ? Et quels secrets se cachent derrière cette mystérieuse ligne noire, ligne condamnée que tous préfèrent oublier ?

De rebondissements en rebondissements, le récit nous emmène dans les dédales des lignes de métro, jusque dans ses profondeurs obscures, à la recherche des origines de Ninn.

La mise en image est remarquable, subtile, envoûtante et s’adapte parfaitement au rythme soutenu du récit. Et ce dernier n’est pas en reste : rencontres inattendues, amitiés inespérées et courses poursuites haletantes, tous les ingrédients sont là pour un récit particulièrement captivant.

Avec un final haut-en-couleur, en mode cliffhanger, on n’a qu’une envie en lâchant cette BD, c’est de dévorer le tome 2 au plus vite !

Impasse khmère (Olivia GERIG)

note: 3... Laëtitia - 13 octobre 2016

Julia est une jeune femme qui abandonne son univers douillet genevois pour un travail dans une ONG à Phnom Penh, avec pour mission de recueillir les témoignages des victimes de mines disséminées dans tout le pays tout au long du règne des Khmers Rouges. La narration navigue du présent vers le passé et vice-versa, et le lecteur découvre ainsi les exactions du régime de Pol Pot mis en lumière par une histoire singulière, celle des membres de la famille Sok. Près de quatre décennies plus tard, les routes des membres de la famille Sok et de Julia vont se croiser, démêlant l’écheveau de destins brisés. Ce roman traite du karma, de la réincarnation, de l’entremonde où errent les âmes perdues, de la dislocation de la société cambodgienne, mais aussi de son dynamisme, ses traditions. Et contrairement à ce que suggère son titre, il ne mène pas à une voie sans issue, mais redonne de l’espoir en montrant que le pardon, l’apaisement, sont possibles et ouvrent de nouveaux horizons pour le peuple cambodgien mais aussi pour Julia, qui sortira changée par ce séjour humanitaire. On notera aussi le soin apporté à la délicate et élégante mise en page de ce roman, marque de fabrique de la maison d’édition suisse Encre fraîche.

Johan Padan (Dario FO)

note: 4Le Nobel est mort...Vive le Nobel !Anonyme - 13 octobre 2016

Aujourd’hui le prix Nobel de littérature est décerné à Bob Dylan, dans la plus grande surprise. Et c’est ce même jour que l’on apprend la disparition de Dario Fo, prix Nobel 20 ans plus tôt, outsider inattendu lui aussi en son temps.
Tous deux n’ont pas emprunté la voie royale du Roman pour atteindre les sommets (Dario Fo n’avait publié qu’un seul roman paru en 2015). Ils ont fréquenté les chemins de traverse de la littérature, la poésie pour l’un, le théâtre pour l’autre.
Méconnu en France, cet incontournable du monde culturel et politique italien mérite pourtant tellement sa distinction.
Sa dramaturgie profonde sans lourdeur, bouscule sans violence.
La pièce Johan Padan dénonce bien des vices de notre époque sans pour autant faire passer un sale quart-d’ heure moraliste à tomber dans la dépression. Un grand nombre de ses pièces sont toujours pertinentes 40 ans plus tard. Son théâtre mariait farce et militantisme comme l’homme mena sa vie. Dario Fo est mort…Vive Dario Fo !

Station Eleven (Emily St. John MANDEL)

note: 4... Laëtitia - 7 octobre 2016

Arthur Leander, acteur vieillissant, s’écroule sur scène en interprétant le Roi Lear à Toronto. Il est l’une des premières victimes d’une pandémie, la grippe de Géorgie, qui décimera 99% de la population mondiale. Les survivants doivent s’adapter à cette société post-technologique sans électricité, sans internet, vivre comme leurs ancêtres, à savoir apprendre à chasser un daim, recycler de vieux vêtements, etc. Parmi eux, on suit la Symphonie Itinérante, troupe d’acteurs et de musiciens jouant du Shakespeare et du Beethoven qui, comme son nom l’indique, va au-devant des rares habitants des villes nouvelles pour partager la beauté et la permanence de l’art. Ou d’autres qui ont trouvé refuge dans un aéroport transformé en Musée de la Civilisation tenu par Clark, un vieil ami d’Arthur, où sont entreposés des iPhones, grille-pain et autres objets à présent inutiles et dérisoires, reflets de l’ancienne société. Vous l’avez compris, ici pas de zombies ni de guerres intergalactiques, mais bien des hommes et des femmes ordinaires confrontés à l’extraordinaire (un monde post apocalyptique), dont les vies se répondent dans une subtile alternance d’allers-retours entre l’avant et l’après chaos. Autre atout du roman, la mise en abyme, avec en fil rouge un roman graphique, appelé lui aussi Station Eleven, que l’on suit de sa création à sa lecture passionnée par une actrice de la Symphonie Itinérante, jusqu’à son legs au Musée de la Civilisation. A lire, voire à relire.

The Walk (Robert ZEMECKIS)

note: 2...Anonyme - 4 octobre 2016

Ce film vaut le coup d’œil, non pas pour la réalisation de Robert Zemeckis, si décevante… Pitié, arrêtez cette petite musique vouée à nous arracher une larme ou un frisson ! Les dialogues insipides s’enchainent. Les relations se mettent en place comme par magie en 3 phrases (mal prononcées par Joseph Gordon-Lewitt plutôt touchant en albatros américain dans le rôle du frenchy), appuyées par les quelques accords de piano magique qui font naître la tendresse, l’admiration, le dévouement et les larmes dans les yeux des spectateurs (ce doit être bon marché et efficace, good job)… Bon j’arrête de faire ma mauvaise tête car malgré tous ces défauts hollywoodiens, j’ai apprécié ce film.
Pour la dernière demi-heure, celle du funambule entre les tours. Incroyable, c’est simplement incroyable et une fois encore la réalité est au-delà de la fiction. Tout le monde aurait ri de l’absurdité du scenario si nous n’avions la preuve que ce pierrot de la lune existait bien. Que cette scène indescriptible avait bien eu lieu. Le vertige opère, votre mauvaise humeur suspendue sur le fil tombera finalement de 500 mètres de haut. Et là, ça devient planant…

Mandarines (Zaza URUSHADZE)

note: 3...Anonyme - 28 septembre 2016

Bien entendu, ce huis-clos confrontant dans le même refuge deux combattants opposés, est par bien des aspects conventionnel. Néanmoins, même si l’on devine les intentions, même lorsqu’on sent poindre l'angélisme, même si la conclusion est évidente…La réalisation conjuguée au jeu des acteurs emporte tout. Les paysages, les visages, l’odeur des agrumes…Lâchez prise. Les sentiments simples et le bon sens, ne font pas de mal.
Des instants lumineux.


Les Bottes suédoises (Henning MANKELL)

note: 3...Anonyme - 27 septembre 2016

Ecrire un roman sur la reconstruction en plein phénomène psychologico-médiatique « résilience » ce n’est pas l’idée la plus originale. Mais lorsque votre personnage, qui a tout perdu dans un incendie, a 70 ans, c'est un autre défi !
Mankell utilise cette « fin du monde » comme déclencheur. Pas de larmoiement, le personnage et le lecteur se mettent en mouvement vers autre chose, ailleurs, autrement.
C’est incroyable comme cette atmosphère scandinave vous enveloppe, la solitude tombe comme le brouillard sur les archipels de la Baltique en ce début d’automne. La beauté est là aussi, même si rien n’est évident dans ce coin du monde hostile au premier regard.
Et pourquoi pas une île suédoise comme métaphore de la vie ?

The Girls (Emma CLINE)

note: 4Flower power dévastateur Laëtitia - 17 septembre 2016

La toile de fond de ce premier roman : la Californie hippie de la fin des années 60, marquée à jamais par un fait divers atroce, le massacre de Sharon Tate, actrice enceinte de 8 mois et compagne de Roman Polanski, et de ses hôtes, par des membres de la «famille» Manson, du nom du gourou satanique Charles Manson. Pourtant, dans ce premier roman brillant, l’auteur choisit une approche sociologique et psychologique, s’intéressant non pas au gourou mais aux failles, aux fragilités de ces femmes fanatisées qui n’hésitèrent pas à torturer et à tuer comme pour punir une société bourgeoise et capitaliste qu’elles rejetaient de toutes leurs forces. Elle aborde cette histoire par le biais de sa narratrice fictive, Evie Boyd, une femme sans âge, vivant solitaire dans une maison au bord du Pacifique et qui se remémore l’été de ses 14 ans où elle croise dans un parc une bande de filles aux cheveux longs et aux robes sales, «aussi racées et inconscientes que des requins fendant l’eau».
C’est l’histoire universelle d’une adolescente mal dans sa peau qui va basculer au contact d’une rencontre : irrésistiblement attirée par une jeune fille brune, Suzanne (inspirée de Susan Atkins, présente lors de tous les meurtres commandités par Manson) qui semble la meneuse de la bande, Evie va abandonner son confort bourgeois pour la suivre et vivre dans une communauté, le Ranch, dirigé par Russell (alter-ego de Manson) où l’on pratique l’amour libre, où tous les biens sont mis en commun. Avec justesse, l’auteur dépeint les moments d’euphorie, de liesse, de se sentir vivant, appartenant à une communauté, mais aussi l’idéal communautaire qui va se fissurer jusqu’au point de non-retour. Alors que les meurtrières commanditées par Manson se sont emmurées dans le silence, Emma Cline leur donne une voix et tente de s’approcher de l’indicible.

Permis C (Joseph INCARDONA)

note: 3...Anonyme - 14 septembre 2016

Permis C commence comme un portfolio jauni des années 70, entre une terne banlieue genevoise et des souvenirs sauvages d’été en Sicile. Scénettes de la vie d’un adolescent de double nationalité italo-suisse. Petit à petit l’album s’anime d’un souffle pesant et l’anecdotique devient déterminant. Les rencontres portent des visages et des noms dans un environnement jusque là quasi anonyme. Non, ce n’est pas un simple catalogue de souvenirs mais plutôt un roman noir initiatique. Une lecture âpre qui sonne juste.
Découverte pour moi de cet auteur suisse dont ce n'est pourtant pas le coup d'essai, Joseph Incardona enchaine les succès d'estime et les festivals avec ses romans mais aussi de la BD et des scénari. Je ne vais pas m'arrêter là, c'est sûr.

Le Plus et le moins (Erri DE LUCA)

note: 4La nostalgie compagno...Anonyme - 13 septembre 2016

Ischia, Naples, Turin, Paris…Itinéraire d’un enfant du sud vers le nord. La pêche, l’escalade, toujours entre Alpes et Méditerranée, les chantiers, l’usine, parcours engagé d’un écrivain-ouvrier.
On trouvera rarement récit autobiographique aussi pudique. Le père, la mère, le premier baiser, les souvenirs intimes à travers un filtre, ressortent changés en expériences universelles.
Erri de Luca peut être perçu comme un homme véhiculant une certaine rudesse, napolitain de Montedidio, alpiniste solitaire, citoyen opiniâtre volontiers engagé dans les luttes sociales, discret dans les médias… pourtant, ces tesselles de sa vie dévoilent la sensibilité à fleur de mots d’un homme infiniment délicat. Entre poésie et leçon de choses, un livre pour soi et à partager.

Danser (Astrid ÉLIARD)

note: 3Tout pour la danse Laëtitia - 8 septembre 2016

Roman polyphonique, Danser, comme son titre l’indique, nous plonge dans les coulisses de l’Opéra de Paris, évoquant le dur apprentissage de trois petits rats, Delphine, Chine et Stéphane. Car la compétition, l’éloignement familial, les premiers émois amoureux contrariés mettent à mal la volonté de certains ou au contraire les poussent à se dépasser, comme le dit Delphine : «Elle en a vu des filles comme moi, qui étaient en manque de leur famille. Certaines voulaient tout abandonner, pour retrouver leur vie d’avant. Aujourd’hui, elles sont coryphées, sujet, première danseuse. Ces mots ne me consolent pas toujours, car je m’aperçois que la danse n’est pas consolante, la danse est dure, ingrate, elle te dit qu’il ne faut pas courir dans le jardin (parce que tu peux tomber et te blesser), elle te demande de faire attention à ce que tu manges («Si tu manges pas, tu danses pas» comme dit la dame de cantine, mais si tu manges trop t’as droit à un entretien privé avec le nutritionniste»). Pourtant, des liens d’amitié se nouent, des personnalités se révèlent. L’auteur peint avec justesse ce rêve fou de tout donner pour sa passion, avec le constat qu’il y a un hiatus entre la réalité et le modèle de perfection que donne à voir la danse : «Les danseuses sont plus sèches, elles ont les os «pointus», peut-être vieillissent-elles moins bien, même si elles se font appeler Mademoiselle toute leur vie, et qu’elles gardent leurs cheveux longs, comme les jeunes filles. C’est la scène qui les rend belles, d’une beauté éphémère, car en vrai elles sont un peu… décevantes, comme ternies par le monde réel». Un roman qui fait mouche, sur la danse classique mais aussi sur les métamorphoses de l’adolescence.

Demande, et tu recevras (Sam LIPSYTE)

note: 3Commedia des ratésAnonyme - 1 septembre 2016

Dans la commedia des ratés, Milo Burke décroche un beau rôle de looser. Dans la digne lignée de ses frères anti-héros de littérature américaine, entre le tourmenté Arturo Bandini de la Demande à la Poussière de Fante, le dépressif morbide Holden Caulfield de l’Attrape-cœur par Salinger et Lennie, l’inoffensif idiot des Souris et des hommes de Steinbeck.
Mordant, sarcastique, cruel et arrosé d’un vocabulaire argotique, ce roman peut déranger mais force est d’admettre que l’auteur a de la trempe, du style. Des dialogues à vous tordre de rire dans un récit, au fond si accablant, c’est du talent brut.

La Vache (Mohamed HAMIDI)

note: 4C'est la faute de la poire ! Laëtitia - 31 août 2016

Fatah est un petit paysan algérien, amoureux de la chanson française des années 80 et de sa vache Jacqueline, Pierrot lunaire moqué dans son bled en raison de son originalité. Après des années de persévérance, il décroche le précieux sésame pour concourir avec sa belle Tarentaise au Salon de l’Agriculture de Paris. On assiste donc à un feel-road movie, on se met dans les pas de Fatah traversant la France de part en part, arrivant tout d’abord à Marseille chez son beau-frère Hassan, incarné par un Jamel Debbouze qui joue à la perfection l’énervé de service. Au fil de son périple, il va faire des rencontres pleines d’humanité : un couple de forains qui l’initie à l’alcool de poire au point de le rendre malade, un comte désargenté mais au grand cœur – sublime et pudique Lambert Wilson-, des paysans cégétistes énervés, etc. En ces temps de tensions multiples, Mohamed Hamidi a choisi l’apaisement, filmant une France où le racisme et l’individualisme ont déserté le paysage. Aux esprits chagrins qui pourraient lui reprocher sa naïveté, le réalisateur oppose ici son droit à un choix délibéré, celui de la proclamation de belles valeurs, telles l’entraide, la bienveillance et la dignité. Et ça fait du bien ! Seul bémol : la glorification des réseaux sociaux et des émissions TV, heureusement juste en toute fin du film. Enfin, mention spéciale à Fatsah Bouyahmed, acteur très prometteur jusqu’alors connu comme auteur pour ses sketches du Jamel Comedy Club et ses participations au Marrakech du rire.

Sex story (Philippe BRENOT)

note: 3...Anonyme - 30 août 2016

Avec un titre pareil me direz-vous, nul besoin de lancement marketing, cette BD devrait sortir toute seule et ne jamais connaître la poussière légendaire des rayonnages de bibliothèque !
C’est vrai ! Mais elle est tellement bien que j’en parle quand-même !
Cette histoire de la sexualité est chronologique, sociologique, politique, anthropologique, magique ! Parmi tant d’autres constructions sociales, elle apporte un éclairage sur les fondements du complexe rapport homme/femme, le déséquilibre des droits, le rapport de force, la tutelle masculine. La dessinatrice Laëtitia Coryn, propose une ornementation très drôle des travaux pourtant tout à fait sérieux de l’auteur Philippe Brenot, psychiatre et anthropologue. Une mine d’or pour les féministes, un bijou pour les passionnés d’histoire, une pépite d’humour pour ceux qui cherchent à se divertir.
En cette période de rentrée scolaire, je ne peux que suggérer aux enseignants d’histoire de s’en inspirer en complément de cours, garanti satisfait ou remboursé, ressuscite l’attention de l’élève le plus nonchalant en quelques pages !

Bienvenue au paradis ! (Marie MAURISSE)

note: 2Chronique d'un racisme ordinaireAnonyme - 27 août 2016

Vous voulez relever la sauce du déjeuner d’entreprise avec vos collègues ? Mieux, pimenter la pause café avec le chef de service, vous qui êtes un chanceux frontalier français bravant la douane à l’aube pour travailler ?
Evoquez le livre « Bienvenue au paradis » sur la condition des français expatriés et des frontaliers en Suisse. Sujet habituel sur les rives de notre paisible lac, lui aussi déchiré entre ces deux pays. Ah quel sujet ! Souvent au menu de la litanie des pendulaires : la route, le prix du sandwich et...le mépris des suisses. A se plaindre de tout très fort et tout le temps, on a fini par ne plus prêter attention à la réelle souffrance qu'engendrent les comportements racistes dont sont victimes ces frontaliers.
Marie Maurisse, journaliste française installée à Lausanne depuis plusieurs années, dévoile l’envers du décor et cette dénonciation, quoique très feutrée à mon sens, a déclenché une vague d’indignation suisse. Outre les menaces à son encontre, il suffit de parcourir les commentaires des lecteurs sur les sites ayant évoqué l’ouvrage, pour évaluer l’ampleur de la réaction.
Pourtant rien de très percutant dans ce livre, finalement peu d’informations inédites pour ceux qui vivent dans la région, des témoignages inégalement intéressants voire creux pour certains… Quelques analyses néanmoins sur les ressorts psychologiques à l’origine de cette haine latente et sur les réelles différences entre les deux cultures, relèvent un peu le niveau d’intérêt.
Le plus affligeant dans ce racisme ordinaire, ce sont ces éternels clichés, terreau fertile de la moquerie puis de l’animosité. A méditer sur toutes les rives, de tous les lacs, de tous les océans...

Les Enquêtes de Setna n° 1
La Tombe maudite (Christian JACQ)

note: 3Au temps des pyramides Laëtitia - 18 août 2016

«Quand le Créateur a souri, les Dieux naquirent ; lorsqu’il pleura, les hommes vinrent à l’existence. Les humains sont les larmes de Dieu ; en se révoltant contre la lumière, ils ont mis fin à l’âge d’or, semé la violence et la haine, et se sont associés aux ténèbres. Mais Dieu ne nous a pas abandonnés, […] grâce aux rites, nous parvenons à combattre le mal et à préserver la vie». Ces paroles du Chauve, maître de Setna sur le chemin de son initiation spirituelle en tant que ritualiste de Ptah, sont autant d’enseignements pour servir et protéger les Royaumes d’Egypte. Quand le vase scellé d’Osiris disparaît, Setna, fils de Ramès II, se sent investi d’une mission : retrouver le vase ainsi que l’homme qui a dérobé «le Livre des voleurs». Dans sa quête, il sera épaulé par Sékhet, jeune prêtresse de Sekhmet et médecin, avec qui une romance va se nouer. On est tout de suite happé par l’intrigue qui reste en suspens dans ce 1er tome pour nous pousser à lire la suite ! Ayant fait des études d’archéologie et d’égyptologie, reconnu dans le monde entier pour ses compétences en la matière, Christian Jacq nous enchante encore avec cette nouvelle saga, avec un talent intact pour conter l’Egypte ancienne, la vie des petites gens comme de la cour de Ramsès II. On notera la touche en plus, à savoir des pages parfois illustrées de dessins tirés de tombes ou du Livre des morts des anciens égyptiens.

Histoires animées
Chouette ! (Léna Mazilu)

note: 4Un livre et une appli !Anonyme - 16 août 2016

De la réalité augmentée sur une histoire papier ? Le concept est aussi curieux que séduisant… On a donc testé !

Pour commencer, sitôt le livre en main, on va vite télécharger l’appli (gratuite) sur sa tablette. Voilà, c'est fait. L'histoire peut donc commencer !
Et quelle histoire ! Sous nos yeux émerveillés, au milieu des bruits de la forêt, le dessin de la petite chouette prend vie…
Tout au long des pages, on la retrouve, en compagnie d’autres animaux qui à leur tour s’éveillent, apparaissant, disparaissant et s’animant au rythme des tapotages sur l’écran. Et dans un univers poétique à la narration parfaitement maitrisée et aux graphismes enchanteurs, on va suivre avec émerveillement et des étoiles plein les yeux le cheminement de cette petite chouette timide qui prend son courage à deux mains pour aller rapporter une paire de lunettes perdue à son propriétaire.

Féérique, ce livre-appli et cette appli-livre sont un véritable régal tant d’un point de vue visuel que sonore. On se prend au jeu de la réalité augmentée avec un plaisir étonnant. Seul petit bémol, le positionnement de la tablette au-dessus de l’album tout en maintenant ce dernier ouvert peut parfois s’apparenter à une partie de Twister®… Mais les animations, très réussies, font bien vite oublier ce petit désagrément (d’autant plus que les enfants se feront un plaisir de vous aider, surtout s’il s’agit de tenir la tablette).

Un album et une appli à découvrir en famille pour un beau moment de complicité autour de l’histoire de cette touchante petite chouette.

Pêcheurs (Chigozie OBIOMA)

note: 3Abel et Caïn au Nigéria Laëtitia - 13 août 2016

«Les Pêcheurs» est dans la lignée des grands romans d’apprentissage du XIXe siècle et se lit comme une tragédie shakespearienne à la sauce africaine : «De la même façon qu’il y a des tragédies grecques ou shakespeariennes, les Pêcheurs est selon moi une tragédie igbo (l’ethnie dont il est issu). Cette forme littéraire ne me semble pas du tout périmée, notamment pour évoquer des sociétés telles celle d’où je viens, où la spiritualité et les superstitions continuent à jouer un rôle très important» confie l’auteur.
On suit donc l’évolution du narrateur, Benjamin, 9 ans, enfant insouciant, dont la vie va rapidement basculer. Désobéissant à leurs parents, Ikenna, Boja, Obembe et le petit Ben vont pêcher dans l’Omi-Ala, fleuve d’abord divinisé, puis maudit pendant la période coloniale. Là, ils croisent Abulu, mi clochard mi sorcier, qui lance une prédiction qui va dès lors s’insinuer tel un poison dans l’esprit de l’aîné Ikenna jusqu’à contaminer toute la fratrie. Chigozie Obioma a su insuffler une dimension tragique à ce récit d’une part par la quasi unité de lieu qui fait du roman un huis clos étouffant se passant dans la ville d’Akure, dans laquelle les voisins passent leur temps à s’épier et se dénoncer, d’autre part par la croyance en la parole la dotant d'un pouvoir performatif. Mais il sait aussi parer ce récit d’atours fantastiques, puisant dans une langue empruntant au conte africain, imagée, avec des expressions ou proverbes en igbo et yoruba. Un premier roman époustouflant, qui a été notamment en lice pour le Man Booker Prize et publié dans 26 pays.

Le Grand Lougoudou et le Petit Chapeau rond rouge (Jean-Pierre KERLOC'H)

note: 3... Régine - 4 août 2016

Jeux de mots, argot, vivacité des dialogues, illustrations inventives et très personnelles de la dessinatrice haut-savoyarde Isabelle Chatellard, voici les principaux ingrédients de cette réécriture du Petit Chaperon rouge qui ne vous laissera certainement pas indifférent...Un album à apprécier en famille !

Newland (Stéphanie JANICOT)

note: 3Big Brother européen Laëtitia - 4 août 2016

Après «La Mémoire du monde», sa trilogie sur une immortelle traversant les époques et se nourrissant des différentes cultures du monde entier, l’auteur nous livre à la fois une dystopie et un récit initiatique. Marian, comme tous les adolescents citoyens de Newland, doit être orientée vers une des trois castes. Alors qu’elle pense occuper les plus hautes fonctions et être admise chez les Blancs, elle se voit reléguer chez les Noirs, caste certes créatrice et entreprenante, mais aussi à l’avenir plus incertain et condamnée à la stérilité pour que ses membres se consacrent entièrement aux tâches dévolues. Bien sûr, Marian, révoltée, refuse son sort et n’a de cesse de gravir les échelons pour se rapprocher du gouverneur de Newland, SOL (décisionnaire des castes), afin d’assouvir sa vengeance.
En parallèle, nous suivons 20 ans plus tôt l’histoire de Dan, un Blanc épris de liberté, qui va vivre un amour interdit remettant totalement en question sa loyauté envers Newland et sa vision du monde.
Malgré une intrigue cousue de fil blanc, on se laisse happer par cet univers à la Orwell, où les frontières de Newland sont fermées, les religions interdites, les naissances contrôlées et artificielles, soulevant des interrogations quant à l’évolution de nos sociétés dans un futur proche. Pour les fans de «Divergente».

Saint-Exupéry (Hugo PRATT)

note: 3...Anonyme - 23 juillet 2016

Ce dernier vol aura aussi été le dernier album pour Hugo Pratt.
Il n’est pas surprenant que la vie du romancier aviateur français ait été l’ultime source d’inspiration de l’artiste baroudeur italien.
La vie de Saint-Exupéry comme symbole de l’aventure humaine. En effet, qui mieux que lui pouvait illustrer cette fulgurance de l’existence, l’urgence d’agir, l’intensité d’une vie.
Un récit la tête dans les étoiles, pour les amoureux de Corto et les admirateurs du Petit Prince.

Made in France (Nicolas BOUKHRIEF)

note: 3...Anonyme - 23 juillet 2016

Tourné après les attentats contre Charlie, la sortie en salle était prévue le 18 novembre 2015, mais quelques jours plus tôt, le terrorisme frappait de nouveau Paris, rendant ce film à la fois prophétique et déplacé. Trop douloureux, trop tôt. Après plusieurs rebondissements, privé de salle, il ne sortira qu’en avril 2016 sur internet uniquement. Triste sort pour un film qui méritait mieux, d’une actualité brûlante sans opportunisme pour autant. Description d’un djihadisme débutant larvé dans une mosquée clandestine de banlieue, l’intérêt porte beaucoup sur les portraits des apprentis terroristes. Pas de profil type unique, une variété d’origines socio-culturelles et de motivations. Des comédiens justes pour une fiction aux qualités documentaires.

Les ours nains
Mais qui veut la peau des ours nains ? (Émile BRAVO)

note: 4Contes classiques en plus drôle ! Régine - 22 juillet 2016

L'auteur-illustrateur Emile Bravo détourne les contes de notre patrimoine culturel en actualisant les personnages célèbres de ces derniers : dialogues vifs et piquants, accoutrements vestimentaires décalés, situations rocambolesques...bref une savoureuse dose d'humour pour revisiter agréablement vos classiques avec vos enfants !

Umrika (Prashant NAIR)

note: 3Tentative d'émigrationAnonyme - 20 juillet 2016

Fable initiatique indienne, vous ne trouverez pas là un grand film, mais vous passerez néanmoins un agréable moment.
Le récit papillonne d’un sujet à l’autre autour du départ de l’enfant qui devient homme : libération de l’entrave familiale (ô étouffant amour maternel !), nécessité de la nouveauté, goût et peur de l’aventure, innocence et débrouillardise face à l’adversité. Et le rêve, surtout le rêve qui pousse sur les routes, flirtant dangereusement avec la déception.
Les couleurs chatoyantes du village contrastent avec la rudesse bleutée de la ville, belles images.
Un brin nostalgique, un optimisme mesuré, un humour dosé pour laisser de la place à l'amertume …Que manque-t-il donc à ce film ? Peut-être du contraste justement, un peu moins de mesure.

Sur les ailes du monde, Audubon (Fabien GROLLEAU)

note: 3"Qu'aurais-tu fait, alors, à la place d'Icare ?"Anonyme - 19 juillet 2016

Demandez à un américain de vous citer un personnage historique français, il vous répondra sans doute : « La Fayette ». Demandez-lui de vous citer un deuxième personnage historique français… Il lui faudra peut-être quelques secondes de réflexion ! Après quoi, puisant dans ses souvenirs d’écolier, il vous lancera très probablement : « John-James Audubon ». Jean-Jacques Audubon ? Seriously ? Qui est donc cet inconnu au nom d'oiseau ? Et pourquoi tant de parcs et d’écoles du New-Jersey à la Californie en passant par la Louisiane portent son nom ? C’est ce que vous découvrirez en lisant cette BD !
Biographie d’un aventurier, passionné d’ornithologie et dessinateur hors du commun, ce récit épique est doté d’une certaine poésie par la beauté des planches naturalistes.

Les Putes voilées n'iront jamais au paradis ! (Chahdortt DJAVANN)

note: 3"Quand les lois sont criminelles, c'est un honneur d'être rebelle et hors la loi."Anonyme - 19 juillet 2016

En Iran il y a quelques années, un tueur en série sévissait en étranglant ses victimes avec leur voile, toutes des prostituées. De ce fait divers, l’essayiste iranienne, Chahdortt DJAVANN, tire un roman violent. Pas simplement un roman en réalité, une sorte de docu-fiction. Elle donne voix aux victimes dont l’assassinat n’a pas été puni dans un pays où la vie d’une femme vaut la moitié de celle d’un homme et où le sang d’une prostituée n’a pas de valeur. Mais surtout elle démontre l’hypocrisie monstrueuse du système islamiste qui inculque la haine du corps, salit la sexualité et discrimine les femmes, tout en les jetant sur le trottoir, irrémédiablement pour survivre à la misère. Dans un pays où chaque centimètre carré de peau apparent est péché, elle dénonce les filles vendues en mariage dès 9 ans, les relations sexuelles forcées « coutumières » des femmes avec leur employeur, la prostitution institutionnalisée par les mollah tartuffes sous le nom de « mariage temporaire », petit arrangement avec dieu extrêmement rentable...
Chahdortt DJAVANN romancière indomptable au langage affuté comme un couteau, a quant à elle connu la prison pour avoir manifesté contre le régime et refusé de porter le voile à l’âge de 13 ans. La réalité dépasse bien souvent la fiction…

Les aventures improbables de Peter et Herman ou Le tour du monde en 25 escales (Delphine JACQUOT)

note: 4Vive les vacances ! Régine - 9 juillet 2016

Le lieu de destination de vos vacances figure peut-être parmi les 25 escales autour du monde proposées dans cet album de Delphine Jacquot.
C'est avec humour et fantaisie que nous sont contées les aventures de Peter la Taupe et Herman la cigogne partis découvrir du pays...
Sachez apprécier ce carnet de voyage insolite aux cartes postales cocasses des différents lieux visités par nos deux lascars !
Album Prix de l'illustration et du graphisme.