Critique

 

Rue des syriens (Raphaël CONFIANT)

note: 3...Anonyme - 4 septembre 2012

En Martinique, bout de France flottant dans la mer des Caraïbes (un protagoniste bibliothécaire rappelle d'ailleurs dans ce roman que l'île est française depuis 1635 soit bien avant les Savoie, 1860!), avec son histoire chaotique de Christophe Colomb à l’esclavagisme, les origines sont multiples : nègres marrons, créoles, békés, mulâtres, indiens…Dès la fin du 19e siècle, s’ajoute à cette Babel volcanique la langue arabe, apportée par les levantins en quête de fortune (ou simple survie) indifféremment désignés comme syriens, qu’ils soient libanais, jordaniens ou réellement syriens. Portant le poids d’une famille entière ayant cotisée pour ce voyage plein de promesses, ils débarquent sur une terre aux antipodes de leur culture. En suivant Wadi et son oncle Bachar nous plongeons dans l’histoire de cette communauté méconnue de l’île, rue François-Arago, au milieu des commerçants infatigables, au gré des amours métissées, des guerres envoyées par le continent. Le verbe haut, le créole en bandoulière, Raphaël Confiant, nous offre une vision profonde et contrastée de la Martinique. Co-fondateur du concept de créolité (avec Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau) il est le premier Martiniquais à avoir publié un roman en créole : Bitako-a (1985) aux éditions du GEREC.