Critique

 

Summer (Monica SABOLO)

note: 4... Laëtitia - 16 septembre 2017

«Nous avions couru dans le noir jusqu’au bord de l’eau. Nous nous étions déshabillés à toute vitesse, et sous nos pieds, les rochers étaient aussi doux qu’une moquette humide. Les réverbères se reflétaient dans le lac, on aurait dit qu’ils brillaient depuis les profondeurs. […] Je voyais la terrasse où nous étions assis, quelques minutes auparavant, et soudain, tout semblait aussi simple que d’entrer dans un univers parallèle, une faille dans l’écorce terrestre, où nous flottions, suspendus entre la voûte étoilée, telle une cloche scintillante posée sur la terre, et les abysses sous nos pieds».
Ici, le Léman est un personnage à part entière, tour à tour splendide, inquiétant, féérique, parfois métaphore de l’âme humaine, où dans les profondeurs se cachent des monstruosités. L’écriture poétique, l’atmosphère onirique, portent de bout en bout une histoire âpre, celle de Summer, jeune fille de 19 ans auréolée de cheveux blonds soyeux, aux longues jambes, symbole de la jeunesse dorée genevoise, qui disparaît un jour d’été. Qu’est-il advenu d’elle : kidnapping, meurtre, noyade, fuite ?
Vingt-cinq ans plus tard, le narrateur, son frère Benjamin, se replonge dans ce mystère, bien décidé à le résoudre, et à en finir avec ses cauchemars aqueux et ses souvenirs d’enfance flous. Peu à peu, le vernis social s’effrite, la vérité se fait jour.
Monica Sabolo excelle plus que jamais, entre excursions en voiliers et fêtes, à décrire ces familles de notables où sous des dehors bling, la violence et l’horreur sont tapies.
Sélectionné sur de nombreuses listes de prix (dont le Goncourt), «Summer» est une des révélations littéraires de septembre à lire absolument.