Critique

 

Le Ruisseau, le pré vert et le doux visage (Yousry NASRALLAH)

note: 3Tragicomédie sociale à la sauce Bollywood Laëtitia - 27 juin 2017

«Le Ruisseau, le pré vert et le doux visage» est une tragicomédie saturée de couleurs, de saveurs, tout en courbes et sensualité, loin des clichés d’une Egypte austère, même si certaines situations préoccupantes (crime d’honneur, emprisonnement abusif) ne sont pas occultées par Yousry Nasrallah. L’intrigue principale se noue autour du rachat imminent du restaurant de Yehya et de ses fils par un riche promoteur sans scrupules qui souhaite abandonner la savoureuse cuisine traditionnelle pour une insipide chaîne de fast-food. Tout autour vont se nouer des amourettes qui vont éclore lors d’un banquet de mariage (pivot central du film), sur fond parfois de lutte des classes sociales.
Les thèmes entrecroisés de l’amour de la bonne chair et de la chair tout court infusent nombre de romans («Chocolat amer» de Laura Esquivel, «Mise en bouche» de Jo Kyung-Ran) et de films. Celui-ci n’échappe pas à la règle, avec la sensualité des danses de femmes à l’abri des regards, osant même des chants paillards, des chorégraphies à la Bollywood, sans oublier la préparation et l’offrande de nourriture, autre vecteur de sensualité, invite à l’amour charnel, mais aussi véritable déclaration d’amour de Reffat confectionnant une mezikilia à la grecque pour les beaux yeux de Shadia, femme séduisante d’une classe sociale plus élevée que la sienne et plus âgée, revenue des Émirats-arabes unis et à qui il voue quasiment un culte.
Enfin, on notera une fin fantasque, à la limite du surréalisme, qui peut être interprété comme une métaphore de la société égyptienne, entre désillusion et désir de vivre pleinement.