Critique

 

Le Bureau des jardins et des étangs (Didier DECOIN)

note: 4Estampes japonaises Laëtitia - 22 juin 2017

Miyuki, jeune paysanne de Shimae, vient de perdre son époux Katsuro, pêcheur de carpes pour les étangs sacrés du palais impérial de Heiankyo. Pour la survie de son village mais aussi pour honorer la mémoire du défunt, Miyuki décide de livrer ses dernières carpes. Commence alors un voyage initiatique dans le Japon médiéval, qui révèlera Miyuki à elle-même et qui l’ouvrira au monde, longtemps délimité à la rivière Kusagawa.
J’ai particulièrement aimé cette immersion dans un monde méconnu pour un Occidental dans ce Japon du XIIe siècle, avec ses traditions, ses coutumes : le «Yobai» ou «intrusion nocturne» qui consiste à devenir mari et femme sans cérémonie, juste en se glissant dans le lit de sa promise plusieurs nuits ; le «Takimono awase», concours de parfums lancé par l’empereur, ou encore toute la préparation de Miyuki pour se transformer en «yujo», l’équivalent d’une geisha, avec poudrage du teint, dents teintes en noir et empilage de jupons, le tout considéré comme le must en terme de beauté de l’époque. Autre point fort de ce roman, le soin tout particulier apporté à une écriture ciselée qui sait à merveille restituer la beauté des paysages, la singularité de Miyuki – l’odeur qu’elle dégage, très particulière, qui sera comme un fil d’Ariane reliant divers événements pour culminer dans son apogée lors du «Takimono awase»-.
Une ode à l’amour, la beauté, la nature, comme autant de déclinaisons d’estampes japonaises raffinées et sensuelles.