Critique

 

Night call (Dan GILROY)

note: 3... Laëtitia - 3 décembre 2016

Lou Bloom, jeune homme étrange sans profession et doté d’une foi quasi mystique dans «l’american dream», assiste un soir à un accident de la route. En voyant débarquer des chasseurs d’images, il a une révélation : ce métier, fait d’adrénaline, sera le sien, et il lui permettra à la fois de s’épanouir et de gagner sa vie. Il se donne tous les moyens pour y parvenir, s’achetant une caméra numérique, un scanner pour capter la fréquence radio de la police et des pompiers, afin d’être le premier sur les lieux du drame (car jacking, incendie, agressions diverses). Intelligent et tenace, il réussit à capter l’attention d’une directrice de l’information d’une petite chaîne locale, qui voit vite son potentiel, et comprend que ces images volées et sanglantes lui permettront de rebooster son audience en chute libre. Début d’une longue apnée dans l’univers de la télé trash, « Night call» renvoie à un certain cinéma des années 70, celui de Clint Eastwood et du «Taxi driver» de Scorsese, quand l’Amérique explorait l‘envers de l’american dream, loin des blockbusters aux héros invincibles, mais peu réalistes. L’univers du journalisme trash basé sur le voyeurisme et le sensationnalisme, avec un Jake Gyllenhaal saisissant en sociopathe sans déontologie et dépassant les limites de la morale, reflète à merveille cette vision pessimiste de notre monde moderne et instille une tension qui va crescendo pour servir un thriller sombre. Un bon film de genre qui sidère, interpelle.