Critique

 

Petit pays (Gaël FAYE)

note: 5Enfance à Bujumbura Laëtitia - 10 novembre 2016

Artiste protéiforme, Gaël Faye n’est pas seulement un jeune compositeur-interprète, mais aussi un jeune écrivain plein de promesses, dont l’œuvre fictionnelle aux accents autobiographiques a été couronnée du prix Fnac 2016. «Petit pays» est le récit d’une enfance au Burundi dans le milieu des années 90, celle de Gaby, 12 ans, double de l’auteur, métis né d’un père français expatrié et d’une mère rwandaise. La beauté de ce livre réside en partie dans la douceur, la magie de l’enfance dans ce cadre paradisiaque, qui s’exhalent en un phrasé fluide, poétique, pour dire le chapardage de mangues dans le jardin des voisins, la bande de copains avec qui on refait le monde, une excursion chez les pygmées. Mais bien vite, le paradis devient l’enfer : les disputes des parents, la confusion politique après l’assassinat en 1993 du premier président Hutu au Burundi, le génocide au Rwanda voisin. Le point de vue du narrateur adolescent se croise avec celui du narrateur adulte, permettant une relecture des faits, montrant l’ironie de la vie : comment un tortionnaire devient pasteur, comment les animaux des expatriés sont sauvés du conflit, jugés plus importants que les hommes abandonnés à leur triste sort. Une pépite que ce «Petit pays» au goût de paradis perdu, celui de l’enfance, de l’exil, de l’innocence.