Critique

 

Saint Amour (Benoît DELÉPINE)

note: 4Un bon cru Laëtitia - 14 octobre 2016

Déjà septième long-métrage du duo Delépine-Kerven, leur nouveau film, aux scènes toujours aussi hilarantes que touchantes et aux dialogues loufoques, est un hommage au plus célèbre des crus du Beaujolais. Certes, avec une belle brochette d’acteurs connus pour leur amour de la bonne chère et de la dive bouteille, on assiste à un road-movie viticole, mais ce serait ne pas leur faire honneur que de cantonner le film uniquement dans ce registre-là. Car il s’agit avant tout d’un éloge du monde rural, de pudeur des sentiments avec un amour filial mal exprimé et de la difficulté de faire de belles rencontres amoureuses, que l’on soit paysan comme Bruno (magistral Poelvoorde tout en gaucherie et tendresse) ou chauffeur de taxi mythomane comme Mike (drôlissime Vincent Lacoste) ou veuf inconsolable comme Jean (l’ogre Gérard Depardieu). Ce voyage sur la route des vins va permettre au trio de fendre l’armure, de s’interroger sur leurs vrais désirs, par le biais de rencontres insolites. On notera le super casting des seconds rôles, apportant chacun leur pierre à l’édifice : on adore l’apparition surréaliste de Michel Houellebecq en maître d’hôte, Solène Rigot en jeune serveuse inquiète par la dette mondiale, et surtout Céline Sallette, Vénus souffrant de ménopause précoce, sans oublier Ovidie, Chiara Mastroianni ou Izia Higelin. Mention spéciale à la fin du film, qui n’est pas sans évoquer le célèbre «Les valseuses» de Blier.