Critique

 

Danser (Astrid ÉLIARD)

note: 3Tout pour la danse Laëtitia - 8 septembre 2016

Roman polyphonique, Danser, comme son titre l’indique, nous plonge dans les coulisses de l’Opéra de Paris, évoquant le dur apprentissage de trois petits rats, Delphine, Chine et Stéphane. Car la compétition, l’éloignement familial, les premiers émois amoureux contrariés mettent à mal la volonté de certains ou au contraire les poussent à se dépasser, comme le dit Delphine : «Elle en a vu des filles comme moi, qui étaient en manque de leur famille. Certaines voulaient tout abandonner, pour retrouver leur vie d’avant. Aujourd’hui, elles sont coryphées, sujet, première danseuse. Ces mots ne me consolent pas toujours, car je m’aperçois que la danse n’est pas consolante, la danse est dure, ingrate, elle te dit qu’il ne faut pas courir dans le jardin (parce que tu peux tomber et te blesser), elle te demande de faire attention à ce que tu manges («Si tu manges pas, tu danses pas» comme dit la dame de cantine, mais si tu manges trop t’as droit à un entretien privé avec le nutritionniste»). Pourtant, des liens d’amitié se nouent, des personnalités se révèlent. L’auteur peint avec justesse ce rêve fou de tout donner pour sa passion, avec le constat qu’il y a un hiatus entre la réalité et le modèle de perfection que donne à voir la danse : «Les danseuses sont plus sèches, elles ont les os «pointus», peut-être vieillissent-elles moins bien, même si elles se font appeler Mademoiselle toute leur vie, et qu’elles gardent leurs cheveux longs, comme les jeunes filles. C’est la scène qui les rend belles, d’une beauté éphémère, car en vrai elles sont un peu… décevantes, comme ternies par le monde réel». Un roman qui fait mouche, sur la danse classique mais aussi sur les métamorphoses de l’adolescence.