Critique

 

Mon Trésor (Keren YEDAYA)

note: 3Faire le trottoir à Tel-Aviv Laëtitia - 5 juillet 2016

«Mon Trésor» est un film âpre, sans concession, un focus sur une facette méconnue et tabou de la société israélienne, à savoir la prostitution. Comme son titre l’indique, c’est aussi un film sur la filiation, en l’occurrence le rapport fusionnel entre une mère, Ruthie, qui se prostitue depuis de très longues années, et sa fille Or (dénommée «mon trésor» par sa mère), lycéenne qui enchaîne les petits boulots et s’acharne à vouloir sortir sa mère de cette ornière.
Oui mais voilà, il n’est pas si facile de se sevrer d’une addiction, et Ruthie doit ruser pour ne pas se laisser enfermer dans l’appartement par sa fille farouchement protectrice, pour avoir sa dose de sexe et de vie nocturne.
L’un des points forts du film, c’est sa grande force expressive, qui est inversement proportionnelle à la quantité des moyens déployés et qui se joue d’une économie de mots. Autre point fort, la grande performance d’actrice des deux héroïnes, notamment Ronit Elkabetz, qui d’habitude, avec son port altier, sa grâce naturelle, ressemble comme deux gouttes d’eau à la Callas, est ici méconnaissable, n’ayant pas hésité à malmener son corps pour mieux incarner la vertigineuse dégradation physique (et mentale) d’un être vivant dans des conditions extrêmes et misérables.
Le point faible du film, c’est le déterminisme social qui colle aux personnages et finit par balayer les espoirs du spectateur quant à une issue heureuse du récit.
Néanmoins, un premier film qui, malgré quelques lenteurs et maladresses, pousse à l’empathie et à la réflexion.