Critique

 

A Girl walks home alone at night (Ana Lily AMIRPOUR)

note: 3Quand le tchador devient cape de justicière Laëtitia - 24 juillet 2015

Premier long-métrage tourné aux Etats-Unis mais en persan, voici un film protéiforme, à la fois film de vampire, conte poétique, romance et satire sociale. La trame se passe à Bad City, ville pétrolifère imaginaire d’Iran, semblable à un village désolé de western au cadre menaçant avec sa centrale électrique qui grésille et un charnier au fond qui laisse présager une contamination (vampirique ?). Bad City est le royaume des paumés, des dealers et des prostituées, où curieusement, les seules âmes pures sont une jeune fille vampire en tchador et en skate, les yeux ourlés de khôl, qui veille sur les femmes du quartier en s’abreuvant du sang des hommes qui les maltraitent, et un jeune homme, sorte de James Dean iranien qui lutte pour rester dans le droit chemin. Bien sûr, l’amour sera plus fort que la soif de sang. D’une lenteur planante, tourné en un noir et blanc graphique et expressionniste, avec une économie de mots, porté par une superbe musique (notamment le groupe Kiosk), un beau film hors norme à découvrir. «A Girl walks home alone at night», comme le résume Ana Lily Amirpour, c’est un «bébé iranien rock’n’roll de Sergio Leone et de David Lynch qui aurait eu Nosferatu pour babysitter»