Critique

 

Eva (Ersi SOTIROPOULOS)

note: 3... Laëtitia - 4 juin 2015

Ersi Sotiropoulos fait partie de la nouvelle garde de la littérature grecque contemporaine. Engagée en politique et soutenant Syriza, ses romans évoquent la vie quotidienne sur fond de crise. Dans «Eva», Athènes est un personnage à part entière, reflétant la précarité par ses ordures débordant des rues, ses magasins à l’abandon, ses personnages à la marge. C’est le soir de Noël, Eva a subtilisé un carton d’invitation pour une soirée chic dans la maison d’édition où elle travaille. Une fois sur place, avec son mari, ils éprouvent la désagréable sensation d’être transparents, pas à leur place, car non invités et non désirés. On appréciera les contrastes de situation, comme l’incident lors de la soirée chic où au milieu de l’abondance, un homme émacié hurle sa faim et tombe d’inanition, mais aussi la peinture minutieuse des personnages qui vont croiser la route d’Eva, errant à travers les rues, puis se retrouvant dans un hôtel délabré à passer du temps à parler avec Moïra, une prostituée, Titika, jeune femme craintive et médium, et Eddy le voleur. Au récit de cette soirée se mêlent des instantanés de ce qui fait sa vie, ses visites à son père malade et sa difficulté à lui trouver une clinique, ses rapports tendus avec son mari, un incident qui l’obsède et qu’elle dissèque longuement. «Eva» est le roman d’une parenthèse dans la vie d’une femme, avant que tout ne redevienne comme avant.