Critique

 

Les Jacarandas de Téhéran (Sahar DELIJANI)

note: 4... Laëtitia - 16 juillet 2014

Tout comme «En censurant un roman d’amour iranien» de Mandanipour mêle la plus subtile poésie à l’âpre réalité d’une société qui pousse ses membres à la schizophrénie, «les Jacarandas de Téhéran», premier roman en partie autobiographique, est dans la même veine. L’Histoire y côtoie des histoires, nous livrant de magnifiques portraits de femmes et d’hommes courageux sur trois générations, avec un télescopage dans le temps qui permet au lecteur de mieux comprendre l’évolution de certains personnages, comme Leila qui s’abandonne pour l’amour d’Ahmad, et qui, l’ayant perdu, se consacrera à élever les enfants de la famille dont les parents sont emprisonnés pour opinions politiques. Parmi ces nombreux portraits, on retiendra le personnage d’Azar, qui en 1983, lors de la guerre Iran-Irak, donnera naissance à la petite Neda en prison (personnage inspiré de la propre histoire de l’auteur). Ou encore la découverte par une jeune femme des causes véritables de la mort de son père, celui-ci ayant été exécuté comme 30 000 autres citoyens en 1988, lors de l’une des plus terribles purges sous le règne de l’ayatollah Khomeyni. Mais tel le jacaranda qui se renouvelle pour donner des fleurs flamboyantes, malgré le sang versé, les histoires d’amour contrariées, l’exil, ces hommes et ces femmes permettront l’éclosion d’une nouvelle ère.