Critique

 

Chant des mers du Sud (Marat SARULU)

note: 3... Laëtitia - 8 avril 2014

En Asie centrale, dans un petit village kirghize, des voisins, un couple de russes, un couple de kazakhs, vivent en harmonie jusqu’au jour où Maria donne naissance à un enfant qui, au lieu d’être blond comme les blés, a le type eurasien. Le poison du doute s’instille : quinze ans plus tard, l’enfant s’enfuit dans la steppe avec des nomades, éleveurs de chevaux, Maria et Ivan ont du mal à communiquer autrement que par les injures et les coups. Cette déliquescence des personnages est comme un écho au délabrement de l’empire soviétique, à l’absurdité du système (Ivan est employé au barrage du village, mais il ne met jamais les pieds à son travail), mais l’on peut néanmoins reproché au cinéaste d’avoir un peu trop appuyé sur le cliché de l’âme slave avec ces scènes de beuveries, de bagarres. Toutefois, quand Ivan entreprend un long voyage de l’autre côté de la frontière pour rendre visite à son grand-père, celui-ci lui conte l’histoire tragique de sa famille, le secret de ses racines interethniques, et le récit bascule dans un voyage atemporel et initiatique. On est saisi par le souffle épique de certaines scènes retraçant ce qui ressemble à une épopée : deux hommes combattant à cheval pour l’amour d’une femme, les chants traditionnels qui accompagnent les chevauchées dans la steppe, les scènes de massacres au temps de la colonisation russe. Malgré quelques maladresses, un film touchant, très «peace and love».