Critique

 

Lâcher prise (Miriam KATIN)

note: 4...Anonyme - 1 avril 2014

Miriam Katin, américaine d’origine hongroise, graphiste pour le cinéma, écrit son premier roman graphique à 63 ans. «Seules contre tous» retrace le parcours de sa mère fuyant les persécutions antisémites à Budapest, avec Miriam toute jeune enfant. A peine accouche-elle dans la douleur de cette autobiographie, que son fils né aux Etats-Unis, lui apprend qu’il s’installe à Berlin. Pire encore, il lui demande de l'aider à obtenir sa nationalité d’origine…Cette annonce provoque une nouvelle onde de choc dans sa mémoire. C’est là l’objet de sa 2e BD. L’Allemagne au présent confrontée au royaume des morts de ses souvenirs. Et Katin ne fait pas dans le politiquement correct, elle ne sert pas de gentils lieux communs sur la réconciliation. Elle souffre de se rendre à Berlin jusque dans son corps, déclarant des troubles physiques lors de ses séjours. Son regard de rescapée juive doublée de bobo de Brooklyn sur cette ville est sans concession. Cependant, Berlin est pleine de ressources pour en venir à bout des aprioris…Force est de constater que nulle autre ville au monde peut-être, ne s’est gravée dans le pavé avec autant de force son devoir de mémoire. « Les allemands ont même un mot pour ça : vergangenheitsbewältigung, confrontation avec le passé ». La liberté du dessin au crayonné pastel, donne une légèreté à cette bd dont le sujet, bien que grave, est traité sur le ton d’une autodérision à la Woody Allen.