Critique

 

Les Pieds-noirs à la mer (Fred NEIDHARDT)

note: 3... Laëtitia - 18 mars 2014

Le titre de ce roman graphique annonce la couleur : «Les Pieds-noirs à la mer!» est le délicat slogan qui fleurissait sur certaines banderoles de la CGT sur le port de Marseille en 1962, pendant que son maire, Gaston Deferre, se fendait d’un «qu’ils aillent se faire pendre ailleurs». Lâchés par De Gaulle, forcés à un exil humiliant, certains Pieds-Noirs développent une certaine aigreur. C’est le cas des grands-parents de Daniel qui ne sont pas à un paradoxe près : le grand-père, antisémite en paroles, a épousé une Juive de Constantine qui elle, médit sur les Arabes, mais a pour amie Madame Benjeloun et parle arabe comme elle respire. Daniel, 19 ans, vient trouver refuge chez ses grands-parents à Marseille suite à une fugue.Voulant faire table rase du passé et essayer de réconcilier les communautés, il tentera de résoudre un psychodrame familial : son cousin Stéphane est sur le point d’épouser Khadija, kabyle, et pour cela est renié par sa famille (ce qui nous vaut la savoureuse imprécation de la grand-mère «Que le cul lui tombe dans un panier d’oursins»). Tout le monde en prend pour son grade, il n’y a pas les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Du point de vue formel, on notera la prédominance d’un séquençage clair à l’aide de couleurs dominantes différentes selon les époques et les lieux, et le choix de personnages à têtes d’animaux pour dire la part d’animalité qu’il y a en chacun de nous.