Critique

 

Un Monde beau, fou et cruel (Troy BLACKLAWS)

note: 4Au pays de Mandela Laëtitia - 22 janvier 2014

Nous sommes dans l’Afrique du Sud de l’après-apartheid, mais le rêve d’une nation arc-en-ciel n’est qu’un mirage. L’histoire se déroule sur un mois au Cap,où sévissent une extrême pauvreté,des trafics en tous genres et le racisme inter-ethnique.Nous suivons les tribulations de Jéro et de Jabulani, qui symbolisent tous deux cette nouvelle Afrique du Sud. Jéro est un «coloured», Jabulani un étranger fuyant le Zimbabwe. L'un renonce à ses études pour vendre des souvenirs de pacotille aux touristes, l'autre tombe aux mains de malfrats qui le font travailler comme esclave dans une plantation de marijuana, avant de parvenir à s’en échapper. Et c’est là que leurs destins se croisent : Jabulani sauve la vie d’un homme qui n’est autre que Zéro Cupido, le père de Jéro, sorte de caïd à la Tarantino, mais un caïd au grand cœur qui aide les plus démunis. Car ce qui fait la force du livre et l’éclaire d’une note d’espoir, ce sont les rencontres bienveillantes qui permettent aux hommes de ne pas sombrer, telle la femme qui, au péril de sa vie, prend Jabulani en stop alors qu’il est pourchassé par le «cow-boy fantôme». Enfin, autre point qui fait la force de ce livre, c’est la peinture minutieuse des territoires, avec ses paysages et son climat qui font toute la beauté de la province du Cap : l’océan, ses pêcheurs et ses requins, les fynbos et les frangipaniers, le grouillement du marché du Cap.Un livre envoûtant et abouti.