Critique

 

Millefeuille (Nouri BOUZID)

note: 3Révolution de Jasmin Laëtitia - 14 novembre 2013

Ce film est l’un des premiers à traiter de la «Révolution de jasmin» (2010-2011), ou comme disent les Tunisiens, de la «Révolution de la dignité». La première scène s’ouvre sur une manifestation sévèrement réprimée par les forces de l’ordre, avec le fameux slogan «Dégage» scandé par ceux qui précipiteront la chute du Président Ben Ali. C’est à cet instant crucial que l’on découvre les deux héroïnes du film qui sont en train d’écrire l’Histoire de leur pays. Mais c’est sous l’angle intimiste que Nouri Bouzid choisit de filmer la révolution. Aïcha et Zaineb sont inséparables et travaillent toutes deux dans un salon de pâtisserie nommé «Millefeuille», ce qui donnera lieu à une scène de chant où le millefeuille devient une parabole de la vie politique tunisienne dont les différentes couches culinaires évoquent la multitude des partis engagés dans la bataille pour le pouvoir. Elles représentent toutes deux le combat des femmes à être elles-mêmes : Aïcha porte le voile, lutte contre son employeur qui la pousse à l’enlever et prouve qu’être musulmane n’est pas incompatible avec le combat pour l’émancipation, tandis que Zaineb se rebelle contre sa famille qui voudrait le lui faire porter en vue de son futur mariage. Hormis quelques clichés, un film à savourer.