Critique

 

La Piel que habito (Pedro ALMODÓVAR)

note: 4... Laëtitia - 10 octobre 2013

Libre adaptation de «Mygale» de Thierry Jonquet, ce film est un grand cru du cinéaste ibérique. Abandonnant la flamboyance tant au niveau de la forme (adieu couleurs chaudes et décor psychédélique) que du fond (adieu la Movida et ses histoires transgenres), Almodovar s’empare du film noir pour mieux le distordre et lui imprimer sa marque. Car rassurez-vous, il n’a rien perdu de sa verve ni de ses névroses ! C’est l’histoire du chirurgien plasticien Ledgard, sorte de docteur Frankenstein, qui travaille sur le renouvellement cellulaire et se livre à des expériences sur des cobayes humains à l’abri des regards dans sa somptueuse propriété « El Cigarral », secondé par sa nourrice Marilia. Obsédé par la disparition tragique de sa femme, morte brûlée vive, il tient captive Vera, nouvelle Eve qu’il modèle à l’image de la femme aimée et qu’il épie via un immense écran plasma. Ou du moins est-ce l’une des nombreuses illusions concoctées par Almodovar, spécialiste des chausse-trappes, qui en multipliant les strates narratives, se joue du spectateur et l’amène à un retournement complet de situation. Mais n’en disons pas plus afin de laisser le suspens intact et… bon film !