Les brèves années de gloire précèdent 1975 au Liban. Ghaleb, le protagoniste ambivalent, poète et entrepreneur, a deux quêtes dans la vie : faire fortune, et épouser Monde, la première condition hypothéquant la deuxième. Le jeune aventurier se lance dans plusieurs épopées afin de rendre à sa famille son prestige perdu. La plus notable sera le démantèlement pièce par pièce et le transport d’une usine d’Alep a Beyrouth. Atmosphère de grandeur et décadence dans la moiteur du Liban. Le lecteur s’abandonne dans les sofas chics des salons, où les femmes se disputent d’élégance aux bras de leur industriel de mari. La Belle société conjugue mode parisienne et tempérament oriental, ambigüité encore. Ambivalence car on n’est pas qu’un seul homme, et un pays, tel un cèdre, n’a pas qu’une seule branche. Puis on est embarqué à cheval, en camion,clandestin parmi d’intrépides bédouins. On lit au galop, entrainé par une plume décidément épique et élégante. Au bout, la réussite, un instant. Mais finalement on ne se lassait pas de l’attendre car, n’était-ce pas la quête elle-même qui nous tenait au ventre ? Et puis, à l’image de son pays, le destin de Ghaleb est par nature instable, et ce qui est atteint est voué à être dépassé. Avec Majdalani, on a le sentiment qu’il n’y a pas de fin en soi, qu’on va repartir bientôt, alors on attend avec impatience le prochain voyage…