Critique

 

Murtoriu (Marc BIANCARELLI)

note: 3...Anonyme - 10 octobre 2012

Murtoriu (le glas), est un roman traduit du corse, une première pour Actes sud, mais attention, ne vous attendez pas à un récit du terroir qui fleure bon l’arbousier, la bergerie bucolique et les sentiments honnêtes. Le Protagoniste, Marc-Antoine, libraire anarchiste, crache toute sa déception du monde global et de l’homme, dans une complainte personnelle aux problématiques universelles. Rompant parfois sa solitude avec d’autres marginaux tel Mansuetu, berger comme le symbole d’un monde qui va disparaitre, il s’isole dans sa montagne, fuyant les envahisseurs saisonniers. Incapable de se faire ou d’accepter une place dans cette société, il dissèque tous les vices uns à uns jusqu’ à la nausée : corruption, cupidité, ultra violence, abêtissement des masses … Poussant loin le dégoût de l’homme, on ne peut s’empêcher malgré tout de partager finalement l’analyse et de compatir avec ce misanthrope « faulknérien » qui sait aussi reconnaître ses propres failles. La narration de premier abord désordonnée, suit l’humeur changeante du libraire au présent et alterne avec une deuxième vie au passé, celle de l’autre Marc-Antoine, le grand-père, nous renvoyant à l’histoire des corses dans la Grande guerre.Un roman étrange, violent dans son propos et le vocabulaire qui le véhicule mais où l’on sent que quelque chose touche, une vérité a été dite, de celles qu’on pense tout bas sans se permettre de le dire tout haut.