Critique

 

Alceste à bicyclette (Philippe LE GUAY)

note: 4Un misanthrope à l'île de Ré Laëtitia - 25 juillet 2017

Gauthier Valence (Lambert Wilson), quinquagénaire sexy, acteur adulé pour son interprétation du docteur Morand dans une sitcom insipide dont on sent qu’il n’assume pas vraiment la filiation, se rend sur l’île de Ré retrouver Serge Tanneur (Fabrice Luchini), dont «L’ami du genre humain n’est pas du tout mon fait», acteur dégoûté du microcosme artistique parisien, d’où l’exil en Charente-Maritime. Valence nourrit l’espoir de convaincre son vieux comparse de renouer avec le théâtre et de jouer avec lui le «Misanthrope».
Commence alors un semblant de parade nuptiale, où les personnages se flattent l’un l’autre, puis entament les répétitions, alternant les rôles d’Alceste et de Philinte. Pour les amoureux de la langue de Molière, c’est un véritable régal que d’entendre ces alexandrins déclamés par un Fabrice Luchini en représentation perpétuelle, et un Lambert Wilson qui ne démérite pas, plus en sobriété mais tout aussi efficace. Mais l’intérêt du film réside aussi dans ce qu’il nous interroge sur la relation à l’autre, sur le masque social dont on veut couvrir l’autre, et cela transparaît au gré des répétitions mais aussi des intermèdes de détente (rencontre avec une belle Italienne, une jeune blonde actrice de films x), où chacun se révèle dans sa complexité, tour à tour mesquin et généreux, manipulateur et bienveillant.
Un excellent film éreinté à sa sortie par de nombreux critiques de cinéma, comme souvent à côté de la plaque, et qui nous donnent envie de nous muer en Alceste pour moquer ces Philinte, mais bon, restons smart…