Critique

 

Mon traître (Pierre ALARY)

note: 3Un salaud, c'est parfois un type bien qui a renoncéAnonyme - 8 février 2018

On parle de roman pour « Mon traître » car Sorj Chalandon a modifié les noms et pris quelques libertés pour relater sa propre histoire d’amitié trahie avec Denis Donaldson, figure emblématique de l’IRA. Pour le cœur du sujet, tout est vrai et d’autant plus déchirant.
Adapté au théâtre, le récit qui continue de fasciner, est aujourd’hui mis en images.
Evidemment, on ne retrouve pas toute la profondeur de la nature des relations qui unit les 2 hommes en quelques planches comme en 300 pages de roman.
D’autre part, ce témoignage touche à plusieurs questions existentielles, l’amitié, la confiance, la liberté… Mais s’il en est une qui me frappe dans cette adaptation, c’est bien celle de l’engagement. Qu’est-ce qui pousse ce jeune français à se plonger si intensément dans une guerre qui n’est pas la sienne comme le lui rappellent sans cesse ses amis en France comme en Irlande.
Bien que tenu fermement à distance par les irlandais, il ne peut s’empêcher d’embrasser la cause jusqu’à rendre des services à L’IRA. Dans la BD, le survol de la genèse du lien qu’il tisse avec le pays, rend cette adhésion, pratiquement cet abandon, un peu invraisemblable.
Néanmoins, elle rend fidèlement l’atmosphère et les personnages sont bien incarnés sous les traits durs et les nuances de bistre et de brun. Surtout, elle ne trahit pas la force d’un récit qui permet à chacun de s’interroger précisément sur sa capacité à trahir.