Critique

 

Le Premier homme (Jacques FERRANDEZ)

note: 3...Anonyme - 27 décembre 2017

Avec cette adaptation de roman en BD, vous aurez deux biographies et un documentaire historique pour le prix d’une fiction.
« Le Premier homme » c’est déjà l’histoire étonnante d’un roman inachevé et publié 30 ans après la mort d’Albert Camus grâce à l’intervention de sa fille.
Récit autobiographique de sa jeunesse à peine déguisé sous les traits du jeune Jacques Cormery, Ferrandez lui aussi né à Alger, s’y retrouve étrangement, troublé au point d’en proposer une illustration éloquente. Cela dit, Ferrandez, l’auteur des Carnets d’orient, n’en n’est pas à son coup d’essai, c’est sa 3ème adaptation de Camus en BD.
Le lecteur peut donc lui faire confiance pour restituer l’atmosphère méditerranéenne dans toutes ses couleurs, ses colères, sa complexité.
Colonisation et décolonisation en toile de fond, évocation inévitable mais dosée des problématiques politiques.
Quant au récit, il force davantage l’admiration que l’on peut avoir pour l’homme autant que pour l’écrivain. Des figures puissantes dans l’ombre de l’enfance : la mère illettrée et malentendante, le père mort à la guerre, l’instituteur providence et l’inflexible grand-mère armée de son nerf de bœuf.
Par certains aspects, on retrouve des éléments communs avec la vie d’Albert Cohen, la honte de la pauvreté, la honte d’avoir honte, l’amour incommensurable pour la mère, le grand écart social entre l’enfance et l’âge adulte.
Un BD touchante qui donne envie de relire Camus.