Critique

 

Filles impertinentes (Doris LESSING)

note: 3...Anonyme - 13 août 2014

Doris Lessing, Prix Nobel de littérature en 2007 avait déjà livré beaucoup d’elle-même dans ses premiers romans évoquant l’Afrique notamment. Elle a 65 ans lorsqu’elle choisit une forme brute d’autoportrait livrant sa jeunesse, l’histoire de ses parents et de leurs relations comme l’aurait fait un observateur extérieur. Sans épanchement, comme détachée, elle analyse principalement la relation à sa mère. Le parcours de sa famille donne le ton d’une époque coloniale dont les principes s’effondrent sous les coups des guerres qui s’enchainent et des évolutions sociales. De l'Angleterre victorienne à la Perse où le père dirige une banque, puis à la Rhodésie du sud (actuel Zimbabwe) où il croit faire fortune avec ses plantations ou l’or, la chute sociale est terrible. Et tandis que Doris et son frère s’épanouissent dans la brousse fusil à l’épaule en compagnie des noirs, la mère perdue dans cet environnement hostile, voit s’effriter ses ambitions pour eux. Non, Doris ne sera pas une mondaine accomplie ni l’honorable mère d’un foyer pieux. Femme insolemment non conformiste, elle assumera même dans sa vie privée (outrageusement dissolue pour l’époque) ses engagements politiques. Parfois glaçante car sans concession, Doris Lessing est sans conteste une femme d’exception.