Critique

 

Michael Kohlhaas (Arnaud DES PALLIERES)

note: 3...Anonyme - 21 février 2014

Michael Kohlhaas ou l'injustice sociale. Au 16e s dans les Cévennes, un riche marchand de chevaux protestant, lève une petite armée semant la terreur sur les domaines des nobles pour faire entendre sa requête : Faire comparaître à nouveau, un baron «relaxé » grâce à l’intervention d’un membre de sa famille proche de la cour de la princesse d’Angoulême. Le jeune baron et sa suite lui ont volé 2 chevaux, ont blessé son valet, puis ont battu sa femme à mort…Rien de moins. L’ampleur des crimes et de l’impunité des nantis rend l’empathie à la cause de Kolhaas immédiate. Toutefois, comme chaque histoire de vengeance, elle questionne la légitimité de se faire justice soi-même. Déjà, le crescendo des punitions menant à la mort de son épouse, interroge sur la vertu de la persévérance : fallait-il ou pas renoncer plus tôt ? Folie (la princesse catholique le qualifie de fanatique), orgueil (jugement théologique du pasteur) ? Ou la justice, idéal jamais atteint, exige-t-elle un sacrifice ? Un film à l'esthétique austère, porté par les larges épaules de Mads Mikkelsen et rythmé de longues chevauchées dans les paysages arides. Adapté du roman d'Heinrich von Kleist, contemporain de Goethe, le film rend au moins justice à l'œuvre originale du "poète maudit" allemand.