Critique

 

Le Dernier seigneur de Marsad (Charif MAJDALANI)

note: 3...Anonyme - 23 octobre 2013

Avec son dernier roman, Majdalani nous offre une fois encore une histoire du 20e siècle libanais à travers une saga familiale. Mais pas de déjà-vu avec cet authentique conteur maniant le verbe et l’allégorie avec panache. Marsad est un quartier chrétien orthodoxe enclavé dans le Beyrouth-ouest à majorité sunnite. Et son seigneur dans les années 60 est Chakib Khattar, au sommet du pouvoir et des richesses d’une lignée d’abadayes respectés. Le titre augure le récit d’une chute fatidique sous le double impact du délitement de sa famille et des déchirements communautaires du pays. Le dernier seigneur de Marsad est le Guépard du Liban. Majdalani crée un personnage à la mesure du dernier aristocrate sicilien de Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa, qui mériterait à son tour un Visconti pour lui rendre hommage à l’écran. La force de l’auteur repose sur son incroyable pouvoir d’incarner des personnages en profondeur, vivants, palpitants dans notre imagination. Ce roman est surtout le récit de la disparition d’un système d’organisation politique et sociale reposant sur les familles et leur maître, entre noblesse et vulgarité, compassion et injustice, qui vola en éclats sans pour autant apporter la paix entre les communautés religieuses.